Bailleurs sociaux: Sans locataires fixes dans les Vosges

Avec la crise, le budget moyen consacré à l’habitation a augmenté, compliquant l’accès pour beaucoup de Vosgiens. Les 24 000 logements des bailleurs sociaux pourraient représenter une solution. Pourtant, beaucoup demeurent inoccupés.
C’est un bien triste bilan pour le logement que vient de publier la Fédération européenne du logement social. Depuis 2007, la crise économique a freiné l’accès au logement en Europe. Le budget des ménages consacré à ce domaine n’a cessé d’augmenter tandis que les aides publiques se sont réduites. Conséquence, une augmentation des sans-abris sur le continent.
En France, 800 bailleurs sociaux proposent des logements à loyer modéré. Dans les Vosges, 65 % de la population serait éligible à ce type d’habitation. Loin de l’esprit collectif des tours d’HLM, il n’est pas rare de trouver désormais des pavillons individuels ou des habitations tout confort. Mais malgré cette offre large, les logements vacants se comptent encore par centaines
Plus de 600 logements sociaux vacants dans les Vosges
“25 % des demandeurs de logement sont déjà issus de logements sociaux”, indique Frédéric Bienfait, directeur de la clientèle à Vosgelis, bailleur social du département. “Les nouveaux arrivants viennent, pour la plupart, pour l’attractivité du loyer. Mais il est vrai que nous n’avons pas pléthore de demandes non plus”. L’an dernier, les bailleurs lorrains ont attribué un peu plus de 3 200 logements.
Céline Calmels, fonctionnaire vivant dans les alentours spinaliennes s’est tournée vers la solution du bailleur social, par nécessité : “Je me suis retrouvée seule avec ma fille et je connaissais déjà le principe”, explique-t-elle. Pour la quarantenaire, cette situation impose des droits mais aussi des devoirs, qu’elle a acceptés. Désormais, elle avoue ne pas imaginer changer de situation: “Je suis quand même bien ici. Souvent, on a une mauvaise image des offices publics de l’habitat, on leur attribue une image de bailleur pour les “cas sociaux”. Mais c’est faux ! Il faudrait changer la mentalité ! Je n’ai pas l’impression d’être dans un HLM !”
Une forte différence entre l’offre et la demande
L’image, c’est quelque chose de fondamental pour Maïmouna Niane, chargée de mission qualité, communication et marketing à Épinal Habitat, le bailleur social de l’agglomération spinalienne : “Le logement social a encore une image négative mais il y a une solidarité, des valeurs.”
La différence entre l’offre et la demande à l’origine de cette forte vacance ? Le constat est en effet général. La moitié des demandes de logements sociaux est réalisée par des personnes seules ou des familles monoparentales. Conséquence : les appartements de type T4 ou T5 avec 3 ou 4 pièces supplémentaires conviennent de moins en moins tandis que les logements plus petits débordent de demandes et sont souvent sous-représentés sur le territoire. “Toute la difficulté réside dans le fait d’adapter notre offre à cette demande”, admet Frédéric Bienfait. “La politique nationale menée en matière de logement ne tient pas rigueur de la réalité des faits de société”, complète Maïmouna Niane.
La politique nationale inefficace ?
“Il manque un plan stratégique sur la politique nationale de logement”, constate la chargée de mission d’Épinal Habitat. Les 600 logements sociaux vacants dans les Vosges en sont la conséquence. Si Épinal Habitat ralentit la construction, le bailleur social Vosgelis, la poursuit malgré tout : “Une centaine de logements par an. Cela dans le but de répondre à la demande et aux attentes réelles.” Les nouvelles normes environnementales et sécuritaires viennent également expliquer cet agrandissement du parc locatif.
Plus inquiétant, il est possible de faire un lien entre l’attractivité du territoire et la politique de logement. “Plus il y a de l’emploi, plus il y a des possibilités de logements. Je vois de plus en plus de préavis qui montrent une sorte d’exode rural des Vosges”, note Maïmouna Niane. “Certains vont tenter leur chance dans les autres départements lorrains près de Metz ou de Nancy.”
Pour essayer de convaincre autant les plus réfractaires aux logements sociaux que les plus modestes, la chargée de mission a d’ailleurs mis en ligne un site regroupant des offres, tous bailleurs sociaux de France confondus. Pas de place pour la concurrence sur la plateforme web, chacun y trouve sa place sans distinction. “Les bailleurs vosgiens ont d’ailleurs été les premiers à jouer le jeu”, se félicite la jeune femme. De quoi faciliter la visibilité des offres et qui sait, peut-être convaincre les curieux du charme vosgien.
Les chiffres
70 % de la population française est éligible aux logements sociaux. Il y a 4,7 millions de logements sociaux à l’échelle nationale.
46 % des demandeurs lorrains sont des personnes seules et 54 % sont des femmes.
3. C’est le nombre maximum d’offres qu’un demandeur a le droit de refuser à son bailleur social.
20 % c’est la proportion de logements sociaux que la loi relative à la solidarité et au renouvellement urbain (SRU) impose aux villes de plus de 3500 habitants.
Le profil type du demandeur vosgien est une femme de 45 ans, seule ou avec 2 enfants à charge qui souhaite un T3 dans l’agglomération d’Épinal.
Source : La demande locative sociale au 1er janvier 2015, Arelor hlm.
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