Un spationaute se pose dans les Vosges

Originaire de Moselle, Jean-François Clervoy a passé 28 jours et 3 heures en orbite spatiale, à bord de la station russe Mir. Il animera une conférence sur l’espace lors de la Rencontre des clubs et réseau d’entreprises à Épinal.
Vous avez passé 28 jours et quelques heures dans l’espace, quel est l’un de souvenirs les plus forts que vous en gardez ?
Jean-François Clervoy – Quand vous êtes en orbite autour de la Terre, le regard porte à 2500km à la ronde, vous voyagez à 28 000 km/h, vous traversez la France en deux minutes ! Vous voyez alors notre planète comme jamais. On passe des glaciers aux grands déserts, en survolant les atolls de Polynésie, c’est très beau, riche en couleurs. Ça émeut, c’est très fort comme expérience pour un être humain.
Cela doit sensibiliser à la fragilité de la planète ?
J-F. C. – Je n’aime pas dire que la planète est fragile, voici pourquoi : quand on voit la terre depuis l’espace, on se rend compte que c’est une masse énorme et puissante. En réalité, la Terre nous survivra et survivra aux ravages de l’homme. C’est l’espèce humaine qui est fragile et qui peut disparaître
un super volcan ou une énorme catastrophe pourrait rendre la terre invivable à très court terme. Il faut considérer la Terre comme un vaisseau spatial dont nous devons gérer les ressources pour continuer à y vivre.
C’est de cette expérience que vous vous inspirez pour animer votre conférence ?
J-F. C. – À partir de mon expérience du vol spatial, j’explique comment appréhender le futur, comment avoir de l’audace pour oser des choses où il y a du risque, comment se préparer à une aventure. Une mission spatiale ça nécessite de la motivation, un but et de savoir pourquoi on a envie de le faire. J’espère aussi transmettre mes connaissances sur l’aventure spatiale et faire rêver !
Quelle leçon tirer pour un entrepreneur ?
J-F. C. – Quand on prépare un vol spatial, on a le luxe de s’entraîner plusieurs mois l’avance en répétant les scénarios de crise ou de panne. En entreprise c’est impossible, mais la leçon à en tirer est qu’on peut atteindre un objectif en ayant des plans secours pour faire face à l’imprévu. Prévoir que le plan change, cela permet de trouver des solutions très rapidement.
Le dernier Français a être allé dans l’espace, c’est Leopold Eyharts en 2008. Le prochain sera Thomas Pesquet en décembre 2016. Pourquoi n’y va t-on pas plus souvent ?
J-F. C. – De 1992 à 2002, il y a eu 13 vols de Français et depuis 2002, seulement un seul. Les vols sont devenus plus rares et plus longs, les opportunités sont donc moindres. Il y a 12 tickets par an pour aller dans l’espace : la moitié sont pour les Russes, 4,5 pour les Américains, et le reste se partage entre l’Europe, le Canada et le Japon. Pour palier cette rareté, il faudrait soit rendre la fusée européenne Ariane habitable, mais ce n’est pas à l’ordre du jour, soit payer cash des vols dans la fusée russe Soyouz. Mais il n’y a aucun projet en ce sens.
La Nasa vient d’annoncer la présence d’eau liquide sur Mars, une bonne nouvelle pour le vol spatial habité vers la planète rouge ?
J-F. C. – En réalité, c’est la sonde européenne Mars Express qui avait confirmé dès 2003 la présence d’eau sous forme de glace sur Mars. La nouveauté c’est cette découverte d’eau dans l’état liquide. Ce qui est important pour découvrir peut-être des organismes vivants, mais aussi pour avoir sur place des réserves d’eau que l’on aura pas besoin de ramener, en cas de missions humaines sur la planète rouge. Je pense que dans les années 2030-40, les humains auront voyagé en orbite autour de Mars, puis qu’ils poseront un pied sur Mars dans la décennie qui suivra.
Conférence sur l’Espace – Rencontre des clubs et réseau d’entreprise
Jeudi 8 octobre 2015 de 17 h à 22 h
Centre des congrès, Épinal
Infos et inscription obligatoire sur =http://www.vosges.cci.fr/]www.vosges.cci.fr