Du hip hop sur le juke box de Saint-Dié-des-Vosges

Un voyage à New York et un coup de foudre pour ses clubs de jazz : il n’en fallait pas plus pour bâtir un spectacle de hip hop. Le Ballet Bar de la Cie Pyramid est une performance originale saluée par plusieurs récompenses internationales.
Un zinc en sous-sol, un barman en bras de chemise, quelques types en trench-coat cintré. Ambiance sixties assurée. Repère de gangsters ou trimeurs harassés par leur journée de travail ? On ne le saura pas.
Ils sont juste six danseurs. L’énergie monte crescendo. Un juke box, un porte-manteau. Sobre et presque universel. Quelques notes de jazz et place à la danse. Le hic avec le hip hop, c’est qu’on pense rap.
Hic ? Pas pour la Compagnie Pyramid qui livre sa chorégraphie de façon transversale sur des airs classiques, du jazz, des standards de la chanson US et même du mambo. Le hip hop c’est le beat, le tempo, la pulsation. Tout le talent de cette compagnie venue de Rochefort est de construire un pont entre les cultures musicales grâce au hip hop.
Le monde artistique ne s’y est d’ailleurs pas trompé, puisque le spectacle a raflé plusieurs récompenses, et pas des moindres, depuis sa création en 2012. Trophée du meilleur spectacle de danse au Hawler International Theater Festival, sélection française au Fadjr International theater festival, sélection au Festival de mime Mimos à Périgeux, succès au festival off d’Avignon, Top 20 du bouche à oreille du journal La Provence
150 représentations à travers le monde, pour une tournée qui choisi des lieux inhabituels : au Kurdistan d’Irak, en Indonésie, en Thailande, en Roumanie et jusqu’en Iran.
” On a joué trois soirs de suite à Téhéran, il y avait énormément de monde, c’était la ruée, on a dû refuser du monde à l’entrée. Les spectacles de danse n’y sont autorisés que depuis 2014. Ce sont des opportunités que beaucoup de compagnies refusent, pour nous il s’agissait d’une chance de nous rendre dans des endroits que nous n’aurions jamais visité autrement “, détaille Nicolas Thébault, danseur et chargé de production.
Le Ballet Bar emploie même un septième personnage : le juke box, qui tient le rôle d’initiateur de la musique mais aussi de situations cocasses. Disques qui tiquent, notes qui dérapent et des danseurs qui doivent s’en sortir ! C’est superbement bien réalisé. On ne fait pas qu’apprécier les chorégraphies. Le rire est le bienvenu. La bonne humeur aussi. La générosité des six danseurs l’entretient.
Les accessoires se multiplient et rejettent l’idée d’une danse abstraite. Tabouret, journaux et chapeaux deviennent des partenaires de danse. Un micro tendu à l’auditoire n’émettra pas un seul son. Aphone. Seule la danse parle. Le règne est au mouvement.
Leurs chorégraphies sont des phrases pleines d’histoires. La frontière avec le public s’amenuise rapidement : ” Le Ballet Bar a été créé à l’origine pour le spectacle de rue. L’idée étant de dépoussiérer le monde du spectacle vivant. C’est de là que vient cette complicité avec le public qui gomme les frontières entre les deux univers, la rue et la salle de spectacle. L’entrée des danseurs par exemple, qui arrivent du milieu des spectateurs, c’est propre aux arts de la rue. C’est un pari réussi sur une prise de risque
artistique. ”
La big apple, celle qui ne se repose jamais, et la vibration profonde des entrailles de New York s’expriment, sans s’user, presque inlassablement.
Ballet Bar de la Compagnie Pyramid
Vendredi 16 octobre, 20 h 30
Espace Georges-Sadoul, Saint-Dié-des-Vosges
Tarifs : 16 / 14 / 8