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Gauthier Klauss et Matthieu Péché jettent l’ancre : retour sur les grands moments de leur carrière

Le 19 juin 2018 par Clément Thiriau

Les céistes vosgiens Gauthier Klauss et Matthieu Péché rangent les pagaies. Forcés contraints, les “KlaPé” doivent tourner la page du sport du haut niveau. Après un dernier titre de champion de France et une médaille d’or continentale par équipe en C2, les deux compères spinaliens reviennent sur les moments clés, les émotions et les titres qui ont jalonné leur carrière. Sans concession.

Inséparables, depuis toujours

Matthieu Péché : « On est nés dans la même maternité. Nos mamans se connaissaient. Et ce sont les coaches (Manu Del Rey et tout) qui nous ont poussé. Gauthier est droitier et pagaie à gauche et moi je suis droitier à droite, donc tout matchait et on était de la même année. Épinal a toujours voulu former des biplaces, c’est historique. On a fait les mêmes études, c’était plus simple, et on a toujours été sur la même longueur d’onde. »

Gauthier Klauss : « On a suivi la même trajectoire, au Collège Clémenceau, au Lycée Mendès France, à l’IUT Charlemagne, à l’Ecole Supérieure de Commerce de Pau jusqu’à être recrutés par la même société, la SNCF. Moi je voulais faire une prépa HEC, ce n’était pas compatible avec le sport de haut niveau. Au final, j’ai plus appris dans la vie et dans le sport. »

JO 2012 & 2016 : « Londres et Rio sont indissociables »

G.K. : « A Londres, on était outsiders, avec le dossard 5. Les qualifications étaient magiques, on avait survolé le truc et après ça se finit en eau de boudin. A Rio c’est complètement différent, on arrive en tant que numéros 1, c’est laborieux, ça se joue à une touche. Techniquement et physiquement on était plus frais à Londres, mais à Rio on était plus forts mentalement. »

M.P. : « Les deux olympiades sont indissociables. En 2012, faire 4e nous a servi, même si ça été dur sur le coup. A Londres on était que 6 en finale, on n’est jamais descendu du podium sauf en finale et c’est l’inverse à Rio. Il n’y a que la finale qui compte. La médaille olympique nous a apporté une pseudo notoriété. »

Champions du monde en 2017 : la « consécration »

G.K. : « Les coupes du monde ce sont de beaux combats, mais ça n’a pas la même saveur qu’un championnat du monde. Clairement ce titre c’est la consécration. A Pau, on sentait que c’était une des dernières occasions de briller sur un bassin qu’on connaît très bien. Tout était aligné. Même si ça peut paraître anecdotique, on restera les derniers champions du monde de C2. »

M.P. : « La pression était sur nous. Tout le monde attendait qu’on gagne un truc, certains se demandaient si on en était capable. On est tous potes dans la vie mais il était hors de question de laisser le titre à un autre duo français. »

Les coupes du monde : “pas la même saveur”

GK : « Ce sont de beaux combats, mais ça n’a pas la même saveur qu’un championnat du monde. Ça n’a jamais été une priorité pour le staff, mais quand tu gagnes une coupe du monde, c’est top. Je suis attristé de la pauvreté de notre calendrier sportif : tu t’entraînes 10 mois pour faire 7 courses. Il faudrait qu’il y ait le double, que le circuit Coupe du Monde ait une vraie valeur. Passionnellement, c’est un très beau sport, mais les instances ne sont pas à la hauteur de l’investissement des athlètes. Nous nos médailles olympiques nous portent, mais pour ceux de 22-23 ans, voilà quoi… »

Suppression du C2 : « C’est juste dingue ! »

G.K. : « Pour les JO il y a l’histoire de la parité et du quota d’épreuves. En dehors de ça il n’y a aucune raison de supprimer le C2. Pourquoi se limiter en nombre de catégories ? Une fédération doit permettre à tout un chacun de pratiquer son sport. C’est juste dingue. En course en ligne, le C2 existe toujours, ils ont juste rajouté le C1 dames. La descente n’a jamais été olympique et pourtant ils sont toujours sur les pôles France, alors que nous on s’est fait virer. »

M.P. : « La fédération internationale dit que c’est la faute des fédérations nationales et inversement. On n’a jamais eu de réunion par rapport à ça. Passionnellement, c’est un très beau sport, mais les instances ne sont pas à la hauteur de l’investissement des athlètes. Nous nos médailles olympiques nous portent, mais pour ceux de 22-23 ans, voilà quoi… »

Un dernier titre de champion de France « amer »

G.K. : « C’était surréaliste avec ces deux courses tout à la fin toutes pourries, avec personne. Ce 4e titre de champion de France est très amer. On s’en souviendra, c’est sûr ».

M.P. : « Une semaine avant, alors que les autres étaient à Seo, on a fait des séances sur le bassin tout seul à Pau, c’était complètement fou. Au moment du podium ils se sont battus pour ne pas nous remettre la médaille, ils ont envoyé Julien Gaspard. Ils ont peur de nous, ils nous voient comme des bad boys. »

Les derniers championnats d’Europe (01 au 03/06)

G.K. : « On aurait aimé clore notre carrière en beauté et obtenir cette médaille qui nous manque. C’était plus une tournée d’adieu qu’une compétition à haute pression. On est frustré de ne pas avoir fait de finale à notre niveau mais les Tchèques étaient très forts chez eux. A la fin, il n’y a pas eu un mot pour nous. J’ai eu les boules. Les dirigeants n’attendaient qu’une chose : classer le dossier Klauss/Péché. »

M.P. : « On y allait pour gagner, on avait rigoureusement préparé ce rendez-vous. On a encore passé de très bons moments avec nos potes de l’équipe de France, notamment les parties de Uno après manger, en essayant de faire abstraction du contexte. Après, pour marquer le coup, comme promis, on a découpé notre bateau à la scie circulaire ».

Équipe de France : « plus les bienvenus »

G.K. : « En 15 ans l’ambiance a bien changé. On sent qu’on ne fait plus partie de la même équipe de France et l’équipe encadrante nous le fait bien comprendre. Ils n’ont vraiment pas réussi à gérer cette situation compliquée avec le C2. Depuis octobre on n’a plus d’entraineur, on fait notre popote. Globalement, on s’inquiète un peu pour l’avenir. » 

M.P. : « Ils n’ont jamais réussi à capitaliser sur les anciens médaillés. Là à peine a-t-on arrêté qu’ils sont déjà dans l’après, à fond sur 2024. D’anciens employés et d’anciens entraîneurs ont été mis de côté. C’est triste et dommage. »

Un regret, un manque ?

MP : « Le truc qui nous manque, c’est forcément l’or olympique. Gagner les jeux, ça doit être un truc de malade. »

GP : « ç’aurait été bien d’avoir toutes les cases cochées avec des médailles sur tous les grands rendez-vous (championnat d’Europe aussi). »

ET LA SUITE ?

De quoi l’avenir sportif et professionnel des « KlaPé » sera fait ? Rien n’est encore tranché. Dans le même bateau depuis de longues années, ils vont devoir apprendre à vivre l’un sans l’autre. A 30 ans, ils vont ouvrir une nouvelle page, sans l’adrénaline des compétitions. En tant qu’athlètes SNCF, ils peuvent poursuivre leur après-carrière au sein du Groupe. En ont-ils envie ? Gauthier Klauss s’interroge. Matthieu Péché aimerait se rapprocher du terrain : il se verrait bien chef de gare « à Saint-Dié-des-Vosges », là où il réside avec sa femme et sa fille Liya, née en 2015. Contrairement à Matthieu, Gauthier a envisagé de poursuivre sa carrière de céiste en monoplace. Il a même acheté un C1, mais n’ira pas plus loin « pour tout un tas de raisons ». Il se voit bien entraîneur dans sa discipline de prédilection, et pourquoi pas auprès de son compère du GESN, le kayakiste Mathieu Biazizzo.

La carrière des “KlaPé” en chiffres

1 médaille olympique (bronze à Rio en 2016)

1 titre de champion du monde (2017 à Pau) + 1 médaille de bronze (2015 à Londres)

3 fois numéros 1 mondiaux à l’issue de la saison (2014-2017).

2 titres de vainqueurs du circuit Coupe du monde (2013, 2015)

4 titres de champions de France (2010, 2014, 2016, 2018)

5 titres de champions du monde par équipe

7 victoires en Coupes du monde

1 200 nuits d’hôtel entre 2012 et 2018

Plus de 3 000 journée d’entraînement

Plus de 50 000 portes de slalom sur des stades d’eau vive.

 

Chronologie – les dates clés

1987

(7 Octobre) Naissance de Matthieu Péché

(17 décembre) Naissance de Gauthier Klauss

1995

Premiers coups de pagaie au GESN

1996

Pour la 1ère fois, ils sont associés en C2

2003

Entrée en équipe de France

2004

1er titre international : champions d’Europe juniors

2005

Baccalauréat S SI à Mendès France Épinal

2008

DUT Techniques de commercialisation

2009

Licence “Commerce de Gros – Commerce International”

2010

Champions de France et champions du monde par équipe

2012

4e aux Jeux Olympiques de Londres

2013

(Mars) – Master II “Commerce et Entreprenariat” à l’ESC Pau

2013

(Octobre) – Gauthier et Matthieu deviennent Athlètes SNCF en tant que chargés de projet

2016

(Août) – Médaille de bronze aux JO de Rio

2016

(Décembre) Chevaliers de l’ordre national du Mérite

2017

(Juin) – le CIO déprogramme le C2 slalom des JO

2017

(Septembre) – champions du monde à Pau

2018

(Mars) – La Fédération internationale abandonne le C2

2018

(Juin) – Retraite sportive

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