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Etarcos : Stéphane Brogniart veut « rendre possible un impossible » !

Le 20 décembre 2019 par Jordane Rommevaux
Stéphane Brogniart prépare son bateau pour sa traversée du Pacifique en 2021.
© Etienne Roville

Spinalien d’origine, Stéphane Brogniart a toujours été un sportif à part. Homme de défis, c’est avec courage et ténacité qu’il entreprend les choses et les réussit. Il a voulu faire un top 10 à l’Ultra Trail du Mont-Blanc (UTMB), il l’a réussi. Il a voulu traverser les Vosges en courant, il l’a fait. Il veut traverser le Pacifique à la rame ? Il va y parvenir ! Rencontre avec un homme passionnant, enrichissant et attachant.

Stéphane Brogniart, vous n’êtes ni marin, ni spécialiste des sports aquatiques, pourtant à 43 ans vous vous lancez le défi de traverser le Pacifique à la rame, en 2021 ! Quelle mouche vous a piqué ?

Stéphane Brogniart – (rire) Je suis comme ça moi ! Un peu fou mais pas trop quand même, hein. Je suis un homme de défi qui aime surprendre et se surpasser. Mais, pour y parvenir, je m’entoure de personnes compétentes, expertes dans leurs domaines, pour les conseils, la préparation, la confection du bateau… Finalement, c’est un défi personnel réalisé collectivement et c’est de ça dont je suis le plus fier.

Pouvez-vous nous expliquer comment est né le projet Etarcos ?

S. B. – Après 12 h de vol, en attendant mes valises à l’aéroport d’Orly, en provenance de l’île de la Réunion, après avoir couru la Diagonale des Fous 2017, où je venais de faire un top 15. J’ai eu cette illumination et j’ai décidé de publier sur les réseaux sociaux l’ambition de réaliser ce nouvel objectif complètement fou, dans les 5 ans. Certains ont cru que je m’étais fait pirater mon compte tellement ça ne voulait rien dire (rire).

Vous étiez pourtant devenu une référence dans l’ultra trail à ce moment-là ! Pourquoi vous mettre en danger dans une discipline inconnue ?

S. B. – Une référence, le mot est fort. J’avais accompli quelques performances satisfaisantes, sur le plan personnel. Je faisais du trail depuis 2003 et de l’ultra depuis 2009. Aujourd’hui, je veux me lancer un nouveau défi. Je ne suis pas d’un tempérament à rester sur mes acquis et à me gargariser d’un top 10 sur l’UTMB. Mais, j’avoue que je me suis dit, le lendemain matin de cette prise de décision, « quel idiot, dans quoi je me suis encore fourré », mais je n’avais plus le droit de reculer. Je voulais affirmer l’idée de rendre possible un impossible.

On sent dans vos propos que vous êtes revanchard. Avez-vous l’envie de prouver que vous pouvez réussir des exploits improbables ?

S. B. Oui, c’est un peu ça et l’arme la plus improbable, c’est de réussir ce qui me semble impossible. Je n’ai pas plus aimé que ça de courir mais, en 2009 je me suis donné 4 ou 5 ans pour faire une performance sur l’UTMB et me servir de ce challenge comme outil de développement personnel. Et en 2014, j’ai réussi à obtenir mon top 10. Ce résultat, je m’en moque, même si les derniers mètres de course resteront gravés dans ma tête. J’ai surtout répondu de la meilleure des manières à un père qui, à mes 13 ans, me disait, « c’est bien beau de faire du roller, du foot ou du tennis à Épinal. Tu n’es pas bon en sport et ce n’est pas ça qui va te faire vivre. Tu n’es pas bon à l’école, non plus, donc tu vas bosser ». Et je suis devenu distributeur de journaux, de 13 à 18 ans, en me levant à 5 h du matin, je partais distribuer en centre-ville.

Vous lui en avez voulu ?

S. B. Je n’ai pas de problème avec lui mais j’ai mis du temps à me l’avouer. J’ai eu un passage dans l’adolescence où j’ai du choisir entre devenir voyou ou le sport. Jean-Claude Géhin était prof de sport au lycée Clémenceau et c’est un peu grâce à lui que j’ai découvert que j’avais un potentiel. Je recherchais ce moment de réalisation personnelle. J’ai imaginé que je deviendrais quelqu’un en faisant des podiums de trail. J’en ai bavé, en utilisant une méthode d’entraînement acharné, de 2003 à 2009. Seulement, j’ai constaté que je n’obtenais pas de résultats probants, je me suis mis à bouquiner.

C’est à ce moment-là que vous avez adopté votre méthode méditative ?

S. B. Oui, j’ai passé l’année à me renseigner sur le développement personnel, sur l’art du bonheur, sur le fonctionnement du cerveau, sur les autres cultures… De la préparation mentale, qui m’a fait adopter une autre méthode : ne plus faire de la prépa physique pure et dure mais assouvir une cause personnelle. Évacuer ce sentiment de revanche sur mon père qui m’avait élevé difficilement. Involontairement, il m’avait donné un vrai moteur pour lui donner tort. En réussissant mon objectif, j’étais devenu champion du monde, de mon monde.

Pourquoi avoir choisi un défi aussi impressionnant ?

S. B. Une fois que j’ai réalisé ça, je n’étais plus dans une démarche de performance et j’étais en quête d’un nouveau défi. Je voulais y associer une nouvelle cause personnelle : travailler en collectif, en pensant comme une entreprise, pour faire traverser un bateau des côtes du Pérou vers la Nouvelle-Calédonie. Pourquoi dans ce sens ? Par ce que le courant va dans ce sens-là. Pourquoi le Pacifique ? Parce que je voulais être dans un cadre exceptionnel et arriver dans un territoire français.

Ce bateau vient d’où ?

S. B. Nous l’avons racheté à Michel Horeau, l’un des fondateurs du Vendée Globe Challenge. C’était une coquille de noix vide où il fallait tout aménager à l’intérieur. Je me suis entouré de personnes très compétentes comme Richard Péché (papa de l’ex-céiste Matthieu, ndlr) qui souhaitait intervenir sur l’aspect technique du bateau. On a plus de facilité à travailler et à progresser dans un domaine où on est bon que dans un où on ne l’est pas, déjà parce qu’on y prend plaisir et aussi parce qu’on aura plus de facilité à y parvenir. J’utilise au maximum les points forts des gens qui m’entourent. J’ai l’impression d’avoir que des winners autour de moi ! Et au final, ça sera une réussite collective.

Peut-on comparer le projet Etarcos à une micro-entreprise ?

S. B. Carrément ! Et c’est même ce vers quoi j’aimerais arriver. Outre cet objectif, nous n’en resterons pas là puisque j’ai l’envie qu’Etarcos devienne une entreprise qui proposera des services d’aventure humaine et collective à une famille « comme tout le monde », par exemple : traverser l’Atlantique à la voile ou relier Remiremont à Moscou en vélo… Mais comment faire ? Etarcos est capable de vous accompagner de A à Z dans un projet familial dingue. On mettra tout en place, pour qu’eux n’ai rien à faire. C’est Etarcos qui vous livre votre projet « clé en main » en quelques sortes (rire).

Vous êtes préparateur mental, cette qualification est-elle utile dans ce projet ?

S. B. En soi traverser le Pacifique à la rame ne me branche pas, c’est le sens qui me plait : rendre possible un impossible. Il y a une démarche jusqu’au nom du projet puisque Etarcos, c’est Socrate à l’envers et c’est tiré de l’histoire époustouflante que Dan Millman rapporte dans son roman Le guerrier pacifique. Ce champion olympique 1996 de trampoline a eu un accident de moto et s’est retrouvé handicapé et seul au monde. Il s’en est sorti en se confiant à un pompiste, qui l’appelait Socrate car il le prenait pour un philosophe. Il s’est reconstruit en devenant « champion du monde de son monde ». Tu restes BERET (Bon Esprit Rigolade Energie Travail), c’est ma devise (rire).

 

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