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À la rencontre de la Femme à Barbe de Thaon-les-Vosges

Le 31 mai 2021 par Cécile Jacquot
Clémentine Delait était la femme à barbe de Thaon-les-Vosges.

Tout le monde connait les femmes à barbe. Celles que l’on voit souvent au cirque ou à la télévision et qui sont, encore de nos jours, moquées. Mais, saviez-vous que l’une d’entre elles était vosgienne ? Aujourd’hui, nous vous emmenons à la rencontre de Clémentine Delait, la femme à barbe de Thaon-les-Vosges.

C’est en 1865 que Clémentine Clattaux voit le jour, à Chaumousey. Fille d’agriculteurs, elle vit une enfance normale, marquée par le travail dans les champs. Mais, à partir de la puberté, quelque chose change. Sa moustache pousse, et elle décide alors de la raser. Les années passent et Clémentine épouse un boulanger de Thaon-les-Vosges, Joseph Delait. Elle l’aide dans son commerce, et sert les clients. Mais, son mari est atteint de rhumatismes et doit cesser son activité. C’est alors le début de sa nouvelle vie, Clémentine et son mari ouvrent un bar. Clémentine continue de se raser et ce n’est que quelques années plus tard, à l’âge de 36 ans, qu’elle se laisse enfin pousser la barbe.

Le début d’une nouvelle vie

C’est une visite à la foire de Nancy qui changea sa vie. Clémentine et son mari assistent à l’exhibition d’une femme à barbe qui elle-même s’étonne de la pilosité de la thaonnaise. À son retour dans les Vosges, l’aubergiste s’amuse de cette anecdote et la raconte à ses clients. L’un d’entre eux lui promet alors 25 louis (5 000 euros actuels) si elle se laisse pousser la barbe ! Chose que Clémentine fera, laissant donc une barbe frisée s’installer sur son visage. Son auberge est alors renommée « Le café de la Femme à Barbe » et tout le monde s’empresse de s’y rendre, curieux de rencontrer la tenancière.

Tirer son épingle du jeu

Et toute cette curiosité n’agace pas Clémentine, bien au contraire ! Elle en profite même en posant pour des photographes, signe des autographes sur des cartes postales à son effigie. Et elle obtient même la permission de travestissement, autorisation obligatoire pour une femme si elle souhaite s’habiller en homme. Et elle devient connue dans toute la France lorsqu’elle intègre la Croix Rouge, pendant la Première Guerre mondiale où elle devient la mascotte des Poilus. À la fin du conflit, le couple adopte une petite fille, orpheline de guerre.

Ici gît Clémentine Delait, la Femme à Barbe

Les années passent, la santé de Joseph se dégrade. Le bar ferme et le couple ouvre une mercerie. À la mort de Joseph, Clémentine se consacre pleinement à sa célébrité et réouvre un bar à Thaon-les-Vosges, où elle proposera des spectacles de cabaret, dont elle est la vedette, déguisée aux côtés de sa fille. En 1939, Clémentine décède et, comme elle l’a souhaité, son épitaphe inscrit « Ici gît Clémentine Delait, la Femme à Barbe ».

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