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L’arbitre spinalien Benoît Bastien veut « être prêt quand on fera appel à moi » !

Le 19 juin 2020 par Jordane Rommevaux
Benoît Bastien.
© FFF

Au repos forcé depuis que les instances ont sifflé la fin de la saison de Ligue 1, Benoît Bastien garde le sourire. L’arbitre international vosgien, dauphin de Clément Turpin dans le dernier classement de la Commission fédérale, vit sereinement cette période particulière, en famille, près de Nancy. S’il n’a pas souhaité commenter l’actualité et la reprise de certains championnats européens, il a pris le temps, pour 100% Vosges, de raconter son quotidien d’assigné à résidence, de parler de l’assistance vidéo, de regarder dans le rétroviseur et d’évoquer son après-carrière. Entretien.

Benoît Bastien, à quoi ressemble votre quotidien depuis l’arrêt des compétitions mi-mars ?

Benoît Bastien – Dès le début du confinement, je me suis retrouvé à la maison avec mon épouse et mon fils. En temps normal, je passe
200 nuits par an à l’extérieur, alors là j’en profite. Mon quotidien n’a jamais cessé d’être rythmé par l’arbitrage, avec deux entrainements par jour, de la course à pied, du travail foncier sur home trainer et du renforcement musculaire, ainsi que du travail sur la vidéo et des quiz proposés par la Fédération et l’UEFA. Le fait d’être à la maison me permet également de consacrer plus de temps à ma seconde activité de préparateur mental.

Les cartons et la panoplie sont remisés au placard depuis de longues semaines. Le terrain et l’adrénaline de la compétition ne vous manquent-ils pas ?

B. B. – Non, je vis ça tranquillement. Dans la saison on a l’habitude de s’arrêter plusieurs semaines, au moment des trêves ou en raison d’une blessure, même si là c’est spécialement long. Je suis en bonne santé, je relativise. Le foot c’est dérisoire à côté de ce qu’on est en train de vivre. Le terrain reviendra quand il reviendra. La priorité est qu’on s’en sorte et que le virus soit mis sur la touche. Je me contente d’attendre et de me préparer pour être prêt quand on fera appel à moi.

Dans quelle mesure l’assistance vidéo à l’arbitrage (VAR), instituée cette saison en Ligue 1, a-t-elle changé votre manière d’arbitrer ?

B. B. La vidéo ne change pas fondamentalement notre manière de faire. C’est toujours l’arbitre qui commande, qui est le dernier décisionnaire. C’est un outil supplémentaire qui nous amène un peu de tranquillité et nous évite quelques nuits blanches (rire). Ça prendra du temps pour que ce soit au point et que ça ne tue pas trop l’émotion. On y travaille. Et il ne faut pas croire que ça résoudra tous les problèmes car dans nombre de situations la notion d’interprétation reste prépondérante.

Vous avez débuté au sifflet en 2001 à l’occasion d’une rencontre U15. Dix ans plus tard, vous accédiez en Ligue 1, devenant le plus jeune arbitre « Fédéral 1 ». Vous êtes aujourd’hui arbitre international, membre de l’élite continentale… Quel regard portez-vous sur votre carrière ?

B. B. – J’ai pris beaucoup de plaisir durant ces 19 années d’arbitrage. Ça m’a permis de rencontrer beaucoup de gens passionnants et de vivre une expérience très enrichissante. Aujourd’hui j’arbitre à un niveau que jamais je n’aurais pensé pouvoir atteindre quand j’ai débuté. Ce qui me fait avancer, c’est de me fixer des objectifs, de toujours regarder devant. J’essaye d’aller chercher un truc nouveau chaque année. Pourquoi pas aller chercher un Euro, une Coupe du monde, des Jeux olympiques ?

Avez-vous déjà pensé à votre après-carrière ?

B. B. Oui, j’y pense souvent même si j’essaye de ne pas me projeter trop loin. Ça peut être 3, 5 ou 10 ans, ou plus tôt en cas de blessures par exemple. Se former et développer des compétences transversales est d’autant plus important. Aujourd’hui je suis sur le terrain, demain je serai peut-être dans les instances. Je suis enseignant, je peux aussi repartir dans mon ancien métier de professeur d’EPS ou développer mes activités de préparation physique ou mentale.

A propos de cette activité de préparateur mental que l’on peut découvrir sur le site web « Entraîne ton mental »*, comment y êtes-vous venu ?

B. B. Cela fait plus de 2 ans que je suis diplômé en tant que préparateur mental. Au départ, je l’ai fait pour gagner des compétences en tant qu’arbitre de haut niveau : avoir une meilleure concentration en match, gérer les émotions et résister à la pression. Contrairement à ce que je pensais avant, je me suis rendu compte que ça pouvait énormément se travailler. C’est un domaine qui m’intéresse beaucoup, j’ai appris à en tirer les bénéfices et j’ai eu envie d’en faire profiter les autres. Etre au service des autres, transmettre, partager, c’est toujours ce qui m’a animé, motivé.

Auprès de quel public intervenez-vous ? De quelle manière ?

B. B. – Je travaille volontairement avec un nombre limité de personnes. J’accompagne des sportifs de haut niveau mais pas seulement. Ce qui m’intéresse, c’est le projet personnel. Mon champ d’action est très large : émotions, concentration, confiance en soi, motivation… Pendant le confinement, il a fallu gérer la perte de repères, la frustration, les doutes. J’interviens également en entreprises sur la gestion du stress, de la pression, des responsabilités, la cohésion d’équipe et le management.

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