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Yan Gras : « Les organisateurs de cyclo-cross préfèrent avoir des pros sur route au départ »

Le 09 mars 2022 par Stéphane Magnoux
Malgré ses performances, Yan Gras ne peut pas vivre uniquement du cyclo-cross.
© Stéphane Magnoux

Début janvier à Liévin (Pas-de-Calais), le Stéphanois Yan Gras est devenu vice-champion de France élite derrière Joshua Dubau. C’était la première fois que le jeune homme de 26 ans décrochait un podium à ce niveau de compétition. Une belle récompense pour son abnégation dans une discipline où il est bien difficile de gagner sa vie en France. Explications.

Qu’avez-vous ressenti en franchissant la ligne d’arrivée du championnat de France en deuxième position ?

Y. G. – C’était une libération. Depuis les Mondiaux espoirs en 2018 (3e), je n’étais pas remonté sur un podium lors d’un grand championnat. L’objectif de ma saison, c’était un podium sur une manche de Coupe de France mais je n’ai pas réussi. À Liévin, sitôt la ligne passée, je me suis rappelé que fin juin-début juillet, je m’étais retrouvé sans équipe. J’ai failli rater la saison de cyclo-cross. Heureusement que Dominique (Pezard, le manager), le staff et les sponsors du Team Podiocom m’ont fait confiance. Il y a quelques mois, je n’imaginais pas boucler ma saison avec une médaille d’argent.

Qu’est-ce que cela rapporte d’être vice-champion de France de cyclo-cross ?

Y. G. – J’ai eu un beau mug et un calendrier de Liévin ! (rires.) Il y a eu aussi un bouquet de fleurs que j’ai offert à ma compagne. C’est difficile de vivre du cyclo-cross en France, même quand on évolue au niveau international. Hormis en Coupe du monde, où on peut à peu près s’en sortir, les primes ne sont pas énormes. Si on espère vivre du cyclo-cross uniquement avec les primes, on peut attendre longtemps !

Avec le Team Podiocom, comment êtes-vous rémunéré ?

Y. G. – Comme j’ai intégré l’équipe sur le tard, je n’ai pas de fixe. Je suis défrayé pour les déplacements et pris en charge sur les courses. On me fournit les vélos et l’assistance dont j’ai besoin. Si je ne vais pas chercher des primes sur les courses, je ne gagne pas un euro avec le cyclo-cross.

Lors de la saison qui vient de s’achever, avez-vous souvent remporté des primes ?

Y. G. – En Coupe du monde, où la grille de prix concerne les quarante premiers de chaque course, cela ne s’est pas trop mal passé. Je gagnais entre
300 et 400 euros par manche. Il y a aussi eu quelques cyclo-cross où j’avais un contrat d’engagement mais cela reste assez rare. Si je veux gagner de l’argent, il faut finir dans les premiers.

Avec un brin de provocation, la meilleure solution pour gagner sa vie en tant que cyclo-crossman, c’est d’être professionnel sur la route comme Clément Venturini et Joris Delbove (1) !

Y. G. – Les organisateurs de cyclo-cross préfèrent avoir des pros sur route au départ. Les spectateurs aiment voir les maillots des équipes professionnelles. Si le mec fait vingtième, ce n’est pas grave. L’essentiel, c’est qu’on voit le maillot de son équipe sur la course. Un routier professionnel au départ, c’est plus avantageux qu’un spécialiste de cyclo-cross qui est cinquième de la Coupe de France.

(1) : Clément Venturini est quadruple champion de France de cyclo-cross (2017, 2019, 2020 et 2021) et professionnel sur route depuis 2014 ; Joris Delbove est vice-champion de France espoir 2022 de cyclo-cross et professionnel sur route depuis le 1er février 2022.

La saison 2021/2022 de Yan Gras :

  • vice-champion de France élite
  • 6e du classement général de la Coupe de France
  • 21e de la manche de Coupe du monde de Flamanville
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