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Festival de contes « Soit dit en Passant » à Charmes

Le 27 février 2012 par Bruno Veillon

Attention le message de bonne humeur qui suit est très important : écouter de jolies histoires rend heureux ! C’est garanti sur facture à Charmes qui réédite son festival de contes ” Soit dit en passant “.

Rencontre avec Isabelle Thiebert, conteuse et co-organisatrice du festival avec l’association Vaoùilmeplait qui agit pour le développement de l’oralité sur le pays de Charmes.

Bonjour Isabelle, merci de recevoir 100% Vosges. En quelques mots, quel est le premier Il était une fois de ce festival ? Autrement dit, comment est-il né ?

On s’est aperçu il y a quelques années qu’il y avait très peu de festivals de contes dans les Vosges. Charmes était un no man’s land du conte !  Aujourd’hui c’est déjà la quatrième édition et on s’y prépare depuis un an. Concrètement, je suis allée voir et écouter de nombreux conteurs pour faire mon marché ! On essaye de proposer une vraie palette de contes et de sortir des clichés. 

Justement, les contes, c’est pas quelque chose de désuet et réservé aux enfants ?

Non au contraire ! Le conte n’est pas désuet, il répond même à des questions contemporaines. Alain Aimé par exemple réinvente les contes. Sur la question du handicap, son histoire raconte celle d’un monde où tout le monde est en fauteuil roulant : un jour un enfant nait avec des jambes et ses parents vont tout faire pour le cacher ! Dans ses histoires, la marge devient la normalité.

Les conteurs utilisent aussi des techniques de récit modernes, à travers les codes artistiques du manga ou du dessin animé, pour donner de la force, de l’action et de l’énergie à leurs histoires. C’est fini le ” Il était une fois dans une forêt… ” ! Les contes classiques que l’on connaît tous (le petit chaperon rouge, le petit poucet…) correspondaient à des craintes de leur époque : on redoutait les loups, les famines… Bref, une réalité très différente d’aujourd’hui.

On peut donc écouter des contes à n’importe quel âge ?

Le festival s’adresse à tous les âges. Ça commence par les contes pour les tout-petits, dès 1 an : Amandine Didelot utilise des effets visuels et des jeux de main pour éveiller leur curiosité. Ensuite il y a des contes pour les scolaires et puis les contes tout public, on peut les écouter de 6 à 99 ans. 

Il y a aussi des contes pour un public averti, comme celui d’Amandine Orban ” Grand-mère si vous saviez… ” : cette histoire raconte à travers le récit du petit chaperon rouge comment une petite fille devient une femme, puis les liens tissés entre les femmes les plus âgées et les jeunes.

Pour les adultes, on propose les apéros-contes : une initiative originale où le conteur va chez l’habitant où se sont réunis voisins et amis. On se retrouve comme dans le temps, pour une veillée, quand il n’y avait pas la télévision le soir… C’est une façon de rencontrer le public adulte qui est moins habituel pour les conteurs. C’est aussi un moyen de faire parler les gens. Ils nous disent ” Oui, je me souviens, c’était comme ça avant ” et ça ouvre la parole. Ils deviennent conteurs à leur tour…

Le festival de Charmes a la particularité de ne pas rester enfermé dans les salles. C’est toute la ville qui se met à l’heure du conte ?

On investit toute la ville : chapelle, salles de spectacle, commerces, rues, bibliothèque ou maisons… On propose même une balade contée autours des étangs de la commune de Chamagne. C’est un festival en marche ! Comme le symbolise la petite bonne femme encapuchonnée que nous utilisons comme logo et qui figure dans toutes les vitrines des commerces de la ville.

Le jour de l’inauguration (le samedi 3 mars), on sera huit conteurs à arpenter les rues avec des parapluies de toutes les couleurs et on ira raconter des contes aux passants ou aux clients dans les commerces. On proposera de toutes petites histoires très courtes et on sera accompagnés d’un orgue de Barbarie. 

Et vous, comment êtes-vous devenue conteuse ?

J’ai assisté un jour à un colloque très sérieux au cours duquel un conteur servait de fil rouge entre les intervenants. Tous les adultes présents étaient conquis (même les plus guindés !), il avait réussi à faire pétiller les yeux de tout le monde, bien plus que les très sérieux intervenants ! J’ai trouvé ça formidable et ça m’a donné le déclic. J’ai demandé à rencontrer ce conteur et j’ai attrapé le virus. 

J’ai eu l’occasion de faire du théâtre par le passé, mais j’étais déçue par l’absence de contact avec le public. Au théâtre, on s’adresse à un autre comédien, alors que grâce au conte on parle aux gens. Et un conteur ne se contente pas d’apprendre par coeur un texte mais il redit l’histoire avec ses propres mots, il peut improviser ou prendre quelqu’un à partie ! En réalité, l’histoire n’est jamais écrite à l’avance…

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