Raffinés et oniriques, les pastels se dévoilent au MUDAAC d’Épinal
Le temps passe, les époques changent… Mais, l’art perdure. Certaines œuvres ont traversé les siècles pour être encore exposées de nos jours, et d’autres, bien plus fragiles, doivent rester « confinées ». En 2019, afin de mettre en lumière ces pièces, le Musée départemental d’art ancien et contemporain décide de créer l’opération « Les arts graphiques sortent de leur réserve ». Pour cette saison 2, qui vous est proposée jusqu’en mai prochain, une collection inédite est exposée dans le parcours « Papiers poudrés : La collection de pastels du MUDAAC ».
En 2017, lorsque le Musée départemental d’art ancien et contemporain rédige sa projection culturelle, il décide de prendre le temps de faire un état des lieux de ses collections en réserve. L’équipe s’intéresse plus particulièrement à sa collection d’arts graphiques, un fonds de 4 000 feuilles, et y retrouve notamment des dessins et des estampes, trop fragiles pour être exposés en tout temps en raison de leur support. Les équipes du musée décident alors de créer un format d’exposition temporaire, où « les œuvres sont exposées pendant trois mois, une fourchette parfaite pour ne pas les altérer » explique Gaëlle Bigoni. Un format qui permet aux visiteurs de découvrir des œuvres inédites, parfois même exposées, mais aussi de créer un nouveau rendez-vous annuel. Des pièces rares, des thématiques, des techniques ou encore des époques sont mises à l’honneur dans un parcours temporaire. Cette année, du 5 février au 5 mai, la technique du pastel est valorisée dans l’exposition « Papiers poudrés : La collection de pastels du MUDAAC ».
Un corpus de pastels inédit
Pour sa saison 2, le musée sort une vingtaine d’œuvres de sa réserve pour l’exposition « Papiers poudrés : la collection de pastels du MUDAAC ». Un corpus inédit, jamais étudié, offrant une composition intéressante sur l’évolution et l’histoire de cette technique. « Il y a des œuvres du 18e et du 19e siècle, jusqu’à la première moitié du 20e, des paysages, des portraits et des natures mortes… » explique Gaëlle Bigoni. Une œuvre en particulier est la pierre angulaire de cette exposition : « Les Yeux Clos », d’Odilon Redon, réalisée vers 1890 (voir ci-après). À retenir que la majorité de ces œuvres, issues de legs de collectionneurs, n’a jamais été présentée au public, notamment pour les portraits d’hommes. D’ailleurs, c’est grâce aux legs que le MUDAAC a pu réunir autant de pastels dans ses réserves. La commissaire de l’exposition estime que « cela reflète la force d’intérêt des collectionneurs du 19e siècle et de la première moitié du 20ème ». Cette exposition a été possible grâce au travail d’orfèvre de la restauratrice Agnès Vallet.
Restauration conserver pour mieux admirer
Avec son opération « Les arts graphiques sortent de leur réserve », le MUDAAC espère également mettre en lumière le travail titanesque des restaurateurs et restauratrices qui s’est opéré dans l’ombre. Un travail indispensable à la bonne conservation des œuvres, permettant ainsi de leur donner une plus longue vie, mais aussi de les exposer, comme c’est le cas avec la collection de pastels. En 2018, une importante campagne sanitaire autour de cette dernière est organisée. La restauratrice Agnès Vallet, qui animera une conférence à ce sujet, a dressé un constat d’état des œuvres et de préconisation de restauration. Selon Gaëlle Bigoni, « la technique du pastel est très fragile, il faut éviter un maximum les déplacements ! En plus, il y avait des suspicions d’infestations, notamment dans les châssis qui sont en bois et dans les cadres ». Une restauration sur mesure est alors mise en place, avec encore plus de précautions qu’à l’accoutumée. Transport spécial, sans la moindre secousse, micro-aspiration des poussières avec une pipette ou encore privation d’oxygène sous poche… Des opérations minutieuses permettant au public de découvrir cette collection de pastels entièrement restaurée et protégée.