Accueil > Culture > Expo > Mudaac : 200 ans, quelle histoire ! – Portrait du musée spinalien (saison 2)

Mudaac : 200 ans, quelle histoire ! – Portrait du musée spinalien (saison 2)

Le 20 février 2023 par Francoise Fontanelle
Mudaac : 200 ans, quelle histoire ! - Portrait du musée spinalien (saison 2)
Vue d'une des salles d'ethnographie du musée.
© Jean Marty

Certes, le Musée départemental d’art ancien et contemporain à Épinal (MUDAAC) n’est pas le tout premier à ouvrir ses salles d’exposition en France*. Même s’il ne prétend pas vouloir rivaliser avec le Louvre, depuis 1822 il héberge des collections qui, au fil du temps, lui ont permis de composer des parcours pluridisciplinaires diversifiés, d’accrocher des chefs-d’œuvre incontestables à ses cimaises et de développer des collections, encore souvent méconnues du public. Pour ses 200 ans, et jusqu’au 3 avril, le musée met en lumière ses réserves et donne à s’interroger sur la démarche de conservation en proposant une exposition ludique et instructive. Notez que, dans le cadre de la saison 2, de nombreuses œuvres – dessins et peintures – vont venir enrichir les espaces de présentation.

Ano France ou Flandres_Portrait de femme en bergère ou en ste Agnès.

« Faire patrimoine »

Les musées ont été fondés au XIXe siècle, au lendemain de la Révolution française. Destinés à présenter aux Français les œuvres confisquées au clergé et à la noblesse – ce qui explique la présence de chefs-d’œuvre –, leur vocation va évoluer. Inspirés par la philosophie des Lumières et le mouvement encyclopédique, qui se propagent pendant tout le XVIIIe siècle en Europe, ils vont devenir le lieu de rassemblement de collections très diverses. Les Beaux-Arts, les sciences naturelles et les traditions populaires.

Bien que cette vocation universelle ait été progressivement revisitée, les musées demeurent des lieux de questionnement où se croisent disciplines et regards. Qu’est-ce qui « fait patrimoine » aujourd’hui ? Que faut-il préserver et conserver pour le musée de demain ? C’est ce qu’a voulu toucher du doigt, l’exposition « 200 ans, quelle histoire ! ».

Un bâtiment et une muséographie

De son ouverture dans les locaux de la préfecture, suivie de son transfert dans un ancien dépôt de mendicité où deux salles sont créées pour présenter les peintures et les sculptures des princes de Salm, puis une troisième, en 1831, destinée à montrer aux visiteurs les « produits de l’industrie vosgienne », et jusqu’à l’inauguration du Musée départemental d’art ancien et contemporain à la suite des travaux de modernisation et d’extension en 1992, l’exposition relate un siècle et demi de transformations et de développements.

En découvrant la façon dont s’est opéré l’accroissement des collections, évolution des normes muséographiques et l’adaptation de ses missions, le visiteur se rend compte que le musée n’est pas une institution figée, mais que, au contraire, c’est un lieu qui se fabrique continuellement et qui, aujourd’hui encore, se prépare à se renouveler.

Vue de la salle de peintures ap 1936.

Un Conservatoire

Le parcours proposé permet de comprendre comment le musée devient lieu d’apprentissage avec, dès 1824, l’ouverture de l’école de dessin linéaire en ses murs. Dès lors, le visiteur saisit mieux pourquoi le dessin, via la reproduction des œuvres présentées, en constituera l’ADN. Autre aspect du développement muséal, l’exposition aborde l’enrichissement des collections grâce aux dons et aux legs. Elle évoque aussi comment les centres d’intérêts esthétiques et scientifiques des conservateurs qui s’y sont succédé ont influencé la nature des acquisitions d’œuvres, comme Bernard Huin, en direction de l’art contemporain (voir encadré).

Autant d’angles qui nous échappent habituellement et qui contribuent à contextualiser les collections pour mieux comprendre leurs origines, leurs attraits et leur diversité. Géologie, paléontologie, minéralogie, botanique, architecture, archéologie, beaux-arts, arts décoratifs ou objets du quotidien, la volonté de créer des conservatoires, objets d’études depuis le XIXe siècle et aujourd’hui encore, se fait jour ; et avec elle la question de savoir quels seront les choix de conservation à faire demain.

Témoin de l’Histoire et mon de à part

Le musée est le lieu de l’expérience de l’art. On y vient pour se nourrir d’esthétique, laisser une œuvre faire surgir une émotion, expérimenter ou éveiller le regard des enfants. Parfois, le public peut s’étonner de voir des chefs-d’œuvre côtoyer les traditions populaires, or ces dernières sont ici bien à leur place. Collecter ces témoins de l’histoire du territoire est une mission qui anime le Musée départemental dès sa création. Au XIXe siècle, la dimension historique s’étend aux objets du quotidien (ethnographie régionale, art populaire et imagerie) rejoignant le courant des musées de folklore propres à la période. Une ambition toujours poursuivie grâce aux dons et aux acquisitions d’œuvres d’art ou d’objets en relation avec l’histoire des Vosges et de la Lorraine. En comprenant leur présence et leur intérêt, sans doute serons-nous plus enclins à nous y attarder et à les apprécier.

Tablettes zodiacales dyptique.

Une reconnaissance scientifique

C’est seulement depuis la loi de 2002 sur les musées de France que les missions de recherche et de diffusion de projets scientifiques et culturels leur sont attribuées et reconnues. Ainsi les musées ne sont plus ces cabinets de curiosité et, même si cela n’est pas toujours perçu par le grand public, le corpus considérable que propose le MUDAAC fait aujourd’hui l’objet d’expositions et de restaurations mobilisant des programmes de recherches scientifiques et historiques. Pour bien le comprendre, arrêtez-vous devant les tablettes zodiacales en ivoire découvertes à Grand. L’étude dont elles font l’objet en constitue un parfait exemple.

* Le musée de Besançon est le plus vieux de France. En 1694, près d’un siècle avant le Louvre, l’abbé Boisot proposait au public de visiter la collection deux après-midi par semaine.

Exposition « 200 ans, quelle histoire ! »
Au Musée départemental d’art ancien et contemporain
1 place Lagarde à Épinal
Tél. 03 29 82 20 33
mudaac.vosges.fr
#MUDAAC200
Célébrez les 200 ans du MUDAAC en partageant les clichés, les plus originaux, que vous aurez pris lors de votre visite sur Facebook ou Instagram en taguant le musée : @MudaacEpinal

Menu
logo facebook logo instagram logo twitter logo linkedin