Cinéma des foyers ruraux : la dernière séance du 35 mm dans les Vosges
Ce sont des cinémas, mais aussi des lieux où l’on se rencontre, engage une discussion, débat… Le cinéma des foyers ruraux est un lieu de vie en société dans des hameaux vosgiens. A l’heure du passage au numérique, ils font leur révolution technolog
Les nostalgiques devront oublier le doux bruit de la bobine qui tourne dans le projecteur, mais les autres se consoleront de la fin des pannes techniques intempestives. Le cinéma en foyer rural signe une révolution technologique, en remisant au placard les bonnes vieilles “péloche” en 35 mm, inventée en 1892 ! Aujourd’hui, la pellicule se dématérialise, et le film est diffusé aux moyens de techniques numériques récentes. ” On a tous des souvenirs de films dont on a pas vu la fin parce que le projecteur chauffait !
A Lerrain, pour obscurcir la salle, on devait tendre une bâche sur le toit “, se souvient Béatrice Humblot-Boye, présidente de la Fédération Départementale des Foyers Ruraux des Vosges. Des tracas oubliés avec le numérique, puisque le noir absolu n’est plus requis dans la salle pour profiter de la qualité des images, et les bobines ne risquent plus de sauter, vu qu’elles n’existent tout simplement plus. Une transition dictée également par le marché économique, puisque ” plus aucun film ne sortira en 35 mm à l’avenir. Même les films anciens sont en cours de numérisation. On gagne en qualité d’images et de son “, continue Béatrice Humblot-Boye.
Tourner la page
Le 23 novembre à Lerrain, on ne s’épanchera pas inutilement sur les dernières bobines en 35 mm, mais on souhaite leur faire des adieux dignes. En clin d’oeil, c’est le film muet en noir et blanc The Artist avec Jean Dujardin qui a été choisi. Une dernière fois, il faudra monter la fameuse cabine de projection, véritable kit en bois pour amateur de meubles à la suédoise. Elle sera ensuite symboliquement mise en vente aux enchères. Les projectionnistes recevront une médaille. Des symboles pour écrire une nouvelle page. La première projection numérique aura, quant à elle, déjà eu lieu, avec une séance pour les scolaires les 21 et 22 novembre.
Depuis 1998, ce sont plus de 700 projections, 200 films, 28 000 spectateurs et de nombreuses manifestations : le festival Bobines Buissonnières, séances en plein air, rendez-vous au cinéma, ciné-môme Un véritable lieu d’émulation autour de la toile en 16/9ème. Avec 40 à 50 spectateurs par séance, à de petits prix de 3,5 à 4,5 euros, ” notre but n’est pas simplement de projeter des films mais de stimuler la vie sociale des communes, créer du lien, faire se rencontrer les gens dans des villages où les plus anciens ont du mal à connaître les nouveaux arrivants, débattre autour des films “, assure Béatrice Humblot-Boye. Et le 21 décembre, ” Le jour le plus court “, un événement en entrée libre consacré aux courts-métrages. Une façon de démocratiser encore plus des formes culturelles moins connus.
