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L’apiculture 2.0 : Remue-ménage dans les ruchers

Le 22 mai 2014 par Bruno Veillon

Florian Bedel, jeune habitant d’Aydoilles, a lancé une souscription sur internet pour financer l’achat de plusieurs ruches. Une façon de révolutionner le milieu des apiculteurs aux traditions bien ancrées.

Sur le site Ulule.com, on est plus habitué à trouver des artistes à la recherche de financeurs qu’ un jeune passionné d’abeilles. Il s’appelle Florian Bedel, vit à Aydoilles dans les Vosges. Le jeune homme se présente : ” C’est grâce à mon grand-père que cette envie de lancer mon rucher est devenue une évidence. Depuis mon plus jeune âge il m’a transmis son savoir-faire, il est temps que je reprenne le flambeau de cette belle passion si importante pour l’environnement. ” Concrètement, Florian a recherché 700 euros pour financer la mise en place de trois ruchers dans les Vosges.

Dans un autre domaine, le site de pétition en ligne Avaaz propose de financer une enquête indépendante sur les causes de mortalité des abeilles. Difficile en effet de prouver le lien de causalité entre les pesticides et la disparition des abeilles : ” Les études coûtent très cher, les apiculteurs ne peuvent pas prendre en charge les analyses “, affirme Christian Morel, président du syndicat apicole L’Abeille Vosgienne. Mais les chiffres sont là : ” Il y a 15 ans, une mortalité de 15 % dans une ruche était la norme. Aujourd’hui, la norme est à 30-40 % avec des pointes à 80 %. ” Comble de l’ironie, c’est dans les villes que les abeilles se portent le Mieux. Les ruchers urbains sont à la mode, au sommet des édifices, à Paris par exemple au-dessus de l’Opéra Garnier, et à Epinal dans le parc du Château. Loin de certains produits phytosanitaires nocifs utilisés à la campagne. Christian Morel met en cause les pesticides qui déciment aveuglément ” tous les insectes dont les abeilles. À force de tirer la sonnette d’alarme, les pouvoirs publics ont commencé à nous entendre. L’Assemblée Nationale vient de voter l’interdiction du Monsanto 810, un maïs transgénique dont la semence est enrobée d’un insecticide fatal pour les abeilles. “
 
En pleine vogue du retour aux produits naturels, le miel redevient la star des cuisines. Utilisé pour remplacer le sucre dans les préparations culinaires, pour réaliser un fond de sauce sucré-salé, il est surtout un excellent médicament dont les vertus sont bien connues. On redécouvre aujourd’hui l’importance d’autres produits de la ruche comme la gelée royale pour ses effets bénéfiques, le propolis pour ses vertus antiseptiques, le miel pour cicatriser les plaies. L’apithérapie a le vent en poupe : ” C’est un savoir-faire que l’on avait oublié, on y revient doucement. Le CHU de Limoges expérimente avec succès les effets du miel sur la cicatrisation post-opératoire “, argumente Christian Morel. ” Les Français consomment 40 000 tonnes de miel chaque année, or en 2013, seules 15 000 tonnes ont été produites en France, le reste provenant de l’importation de pays étrangers. ” Un nouveau marché à saisir, en plein boom.
 
C’est le moment d’en profiter, avec un ensoleillement exceptionnel cet hiver et ce printemps, les récoltes sont en avance mais pour autant pas si prolifiques : ” Les floraisons ont été très courtes et il y a eu beaucoup de vent, du coup ce ne sont pas des conditions idéales pour les abeilles. ” La météo capricieuse en 2013 avait empêché les abeilles de butiner correctement. Ni trop chaud ni trop froid, les abeilles réclament des conditions très précises. On ne s’improvise pas apiculteur.

Ma propre ruche ?

Si le virus de l’apiculture vous pique vous aussi, il existe de nombreuses structures dans les Vosges pour se lancer dans l’aventure. Ce qu’explique Christian Morel, du syndicat L’Abeille Vosgienne qui fédère 250 apiculteurs autour d’Epinal : ” Nous dispensons des cours pour former ceux qui le souhaitent à l’apiculture. Sur internet on trouve aujourd’hui des tutoriels pour se lancer tout seul. La différence c’est que nous proposons de se faire la main sur nos ruches, de découvrir la réalité de cette passion. ” Il faudra ensuite effectuer une demande d’agrément Numagrit si vous limitez la consommation à votre entourage, sinon de numéro SIRET si vous souhaitez vendre votre miel.

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