Accueil > Actu > Santé > Démystifier la sexualité des seniors

Démystifier la sexualité des seniors

Le 28 décembre 2022 par Francoise Fontanelle
© Adobe Stock

Aimer et être aimé n’a pas d’âge, or dans nos sociétés occidentales on a tendance à s’accrocher aux idées reçues et à considérer que l’amour ne fait plus partie de la vie les personnes âgées. Comme si, avec le grand âge, la dépendance et le soin se substituaient au désir et à l’affection… Objet d’une enquête menée par Les Petits Frères des Pauvres, voici les points mis en lumière.

L’amour et les personnes âgées

91 % des personnes âgées en couple disent éprouver du désir pour leur conjoint, 74 % ont encore des relations sexuelles, et 71 % estiment que « un corps qui vieillit peut rester désirable ». Voici les principaux chiffres que révèle l’enquête. Ici « révèle » a tout son sens car ces chiffres percutent de plein fouet ce que l’on pense communément : que le désir s’émousse avec l’âge et que, dans les vieux couples, l’amour a cédé le pas à l’amitié, sinon à l’habitude… Or à la quasi unanimité, 94 % des seniors (de plus de 60 ans) se déclarent être amoureux de leur conjoint. Ce qui les fait vivre ? La complicité pour 53 % d’entre eux, suivie par le rire (50 %) et les confidences (48 %).

Au travers de cette enquête, ce sont tous les clichés que l’association Petits Frères des Pauvres souhaite combattre, car en refusant de voir nos aînés tels qu’ils sont, nous les isolons davantage et renions tout un pan de leur vie affective et de leur personnalité.

Vieux égal soin

Cette étude permet aussi d’aborder les conditions d’accueil dans les maisons de retraite et les Ehpad, où les besoins existentiels et les pulsions sont considérés comme un « problème », l’intimité des seniors pas toujours respectée, soulignent les auteurs du rapport. La formation des soignants
reste insuffisante – malgré le nombre déformations disponibles sur la vie affective et sexuelle – pour aborder ce sujet avec les résidents, quand bien même 84 % des personnes âgées interrogées déclarent qu’elles sont à l’aise avec le sujet de la sexualité, et que plus d’une sur deux considère qu’il est encore tabou dans la société. Pour Francis Carrier – président de l’association LGBT GreyPride qui organise des formations dans les maisons de retraite – le secteur de l’aide aux personnes âgées nécessiterait une
« révolution culturelle sur le long terme ». Yann Lasnier, délégué général de l’association, souhaite quant à lui faire entendre que les personnes âgées sont trop souvent infantilisées et réduites à « des objets de soins ».

En effet, le système de santé « repose sur la vision d’une personne âgée seule dans son lit et dans sa chambre et le modèle économique est construit sur cette vision » explique
Marick Fèvre, chargée de mission à la Fédération nationale d’éducation et de promotion de la santé. Elle déplore également qu’une « grande partie des innovations destinées au public âgé soit pensée sans les consulter et dans une approche de surveillance (…) dans un objectif de standardisation des comportements ».

Et l’amour arc-en-ciel ?

Parler d’amour, c’est aussi évoquer la situation des seniors LGBT+, une population plus à risque de vivre seuls, d’être en rupture familiale et pour laquelle « l’absence fréquente de proches aidants suppose de reconnaître la « famille choisie » des personnes, autant que de favoriser des actions de maintien du lien social à leur égard », souligne encore Marick Fèvre.

Les violences conjugales une réalité invisibilisée

Le rapport des Petits Frères des Pauvres rappelle que, selon l’Observatoire 2020 établi par la Fédération nationale Solidarité Femmes (gestionnaire de la plateforme 3919 à destination des femmes victimes de violences conjugales), 9,8 % des victimes qui avaient appelé ce numéro avaient plus de 60 ans  ; un chiffre en augmentation et préoccupant lorsque l’on sait que les femmes âgées appellent peu et qu’aucune action n’ait été menée auprès de ce public.

Vie affective, intime et sexuelle des personnes âgées  – enquête – 1 500 seniors de plus de 60 ans interrogés pour l’étude, réalisée par CSA Research pour Petits Frères des Pauvres septembre 2022.

Menu
logo facebook logo instagram logo twitter logo linkedin