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Apnée du sommeil : un syndrome méconnu et encore mal diagnostiqué

Le 28 février 2023 par Francoise Fontanelle
Apnée du sommeil : un syndrome méconnu et encore mal diagnostiqué
3 millions de français souffre d'apnée du sommeil sans le savoir.

Le syndrome d’apnée du sommeil (ou syndrome d’apnées hypopnées obstructives du sommeil) touche 3 millions de Français. Encore mal connue et pas suffisamment diagnostiquée, les risques associés à cette maladie, pourtant réels, sont sous-estimés. Alliance Apnées du Sommeil vient de lancer une campagne pour sensibiliser le grand public à ces dangers.

Qu’est-ce que l’apnée du sommeil ?

Scientifiquement, le syndrome d’apnées hypopnées obstructives du sommeil (SAHOS) se définit par la survenue d’un arrêt de la respiration au cours du sommeil d’au moins 10 secondes, dû à la fermeture du conduit aérien au niveau du pharynx. Répétées au moins 5 fois par heure, ces pauses respiratoires ne sont pas toujours perçues par le patient. Cependant, elles sont suffisantes pour entraîner une baisse du niveau d’oxygène dans le sang et, fragmentant le sommeil, entraîner fatigue et somnolence diurne.

Quelles sont les causes du SAHOS ?

Le relâchement des muscles des parois du pharynx pendant le sommeil limite le passage de l‘air, provoquant des vibrations et créant le ronflement. Dans le cas du SAHOS, le relâchement des parois est total, et l’air ne peut plus passer, provoquant l’apnée. Heureusement, un système d’alerte se déclenche dans le cerveau, qui provoque un micro-réveil. Ce système neurologique réflexe entraîne une contraction des muscles qui va ouvrir la trachée, permettre à l’air de passer et à la respiration de reprendre, jusqu’à la prochaine apnée.

Les facteurs de risque

Le vieillissement entraînant une perte de souplesse des voies aériennes respiratoires, le risque de faire des apnées du sommeil s’accroît avec l’âge. Selon l’Inserm, le SAHOS concernerait 7,9 % des 20/44 ans, 19,7 % des 45/64 ans et 305 % des plus de 65 ans, et concernerait deux fois plus d’hommes que de femmes (la piste hormonale pourrait expliquer le phénomène). Par ailleurs, l’apnée du sommeil, favorisée par le surpoids, est associée à 60 % des personnes qui présentent un syndrome métabolique et à 16 % des personnes présentant un diabète de type 2. Toutefois, les personnes qui font des apnées du sommeil ne sont pas toutes diabétiques ou en surpoids, et inversement. Une composante anatomique peut également expliquer le syndrome : petite mâchoire, point d’ancrage du système pharyngé. De même, qu’une prédisposition familiale (non reliée à une cause génétique) accroît le risque.

Les conséquences sur la santé

Si la fatigue chronique et la somnolence diurne – liées au risque d’endormissement involontaire, aux problèmes de concentration, de mémorisation, à l’irritabilité –, sont les principaux symptômes qui amènent les patients à consulter, les complications vasculaires sont fréquentes (hypertension, troubles du rythme cardiaque, athérosclérose, diabète de type 2,…) et augmentent le risque d’infarctus du myocarde, d’accident vasculaire cérébral, entre autres.

Poser le diagnostic

Pratiqués par un médecin spécialiste du sommeil, trois examens permettent d’identifier le SAHOS. La polygraphie ventilatoire nocturne, c’est-à-dire l’enregistrement de la respiration, des ronflements et du taux d’oxygène dans le sang pendant le sommeil et la polysomnographie qui permet d’apprécier le niveau de sévérité du syndrome (analyse de l’activité cérébrale, musculaire et cardiaque). Le médecin va également quantifier le degré de somnolence diurne en calculant le score d’Epworth. Ce test est disponible sur le site d’Alliance Apnées du Sommeil.

Les traitements

Pour les patients en surpoids, il s’agira de mesures hygiéno-diététiques. Une réduction de 10 à 15 % du poids initial du patient réduit significativement la sévérité des apnées du sommeil (Chiffre Inserm). Le port d’une orthèse buccale pendant la nuit, réservé aux apnées modérées, permet d’avancer très légèrement la mâchoire afin d’étirer le pharynx et de réduire les phénomènes d’affaissement. Une prise en charge chirurgicale est proposée aux patients qui présentent des anomalies anatomiques (grosses amygdales, petite mâchoire, par exemple). Le traitement de référence, pour les apnées du sommeil modérées à sévères, est la ventilation en pression positive continue. Il consiste, via une machine et un masque, à insuffler de l’air de façon continue, afin de permettre aux voies aériennes de rester dégagées pendant le sommeil.

Somnolence diurne – prendre conscience des risques

La campagne organisée par Alliance Apnées du Sommeil et soutenue par le laboratoire Bioprojet a pour objectif d’attirer l’attention des patients sur les risques d’accidents graves liés à la somnolence diurne. En effet, beaucoup de patients se croient protégés par leur traitement. Or la somnolence diurne est un symptôme qui persiste chez 13 % des patients qui bénéficient d’un traitement par pression positive ; même si celui-ci est bien conduit.

Accidents de la route, du travail, absentéisme

Selon le Dr Marc Sapène, « Les gens ne mesurent pas la gravité de la somnolence. Les personnes qui travaillent comme grutiers, chauffeurs routiers, pilotes d’avion ou responsables de PC sécurité par exemple, prennent non seulement un risque pour elles-mêmes mais, par la nature de leur profession, mettent également en danger la vie des autres. »

Conduite automobile

Alliance Apnées du Sommeil souhaite attirer l’attention sur l’une des situations les plus à risque. Selon les données de la Sécurité routière, la somnolence est responsable d’un tiers des accidents mortels de la route*. Et d’après une étude menée auprès de personnes souffrant d’apnées du sommeil, ces dernières présentent un risque d’accident de la route 5 fois plus élevé que la population générale**.

D’autre part, une enquête menée en 2011 par l’Institut du Sommeil et de la Vigilance avec la MGEN a révélé que :

  • 12 % des conducteurs avaient dû s’arrêter de conduire au moins 1 fois pour dormir au cours des 12 derniers mois précédant l’étude.
  • 3 % des conducteurs rapportaient s’être endormis au volant au cours de ces 12 derniers mois.
  • L’enquête a révélé que, face à la somnolence, 70 % des conducteurs choisissent de s’arrêter, mais 30 % poursuivent la conduite, ignorant les risques.

Ne pas confondre fatigue et somnolence

« La fatigue correspond à la difficulté à maintenir une performance, elle se manifeste par des douleurs musculaires, le regard fixe, une raideur de la nuque. La somnolence, c’est la difficulté à rester éveillé, avec un risque d’endormissement important  ; elle est due à un manque ou une mauvaise qualité de sommeil. Son seul traitement naturel, c’est de dormir, tandis que la fatigue sera corrigée par du repos », dr Marc Sapène, président d’Alliance Apnées du Sommeil.

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