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Valentin Focki : “l’exploit contre Lyon, c’est le sommet de ma carrière”

Le 20 janvier 2018 par Clément Thiriau
La joie de Valentin Focki et de Famara Diedhiou après le deuxième but spinalien
© JR

SAS Epinal – OM, J-3. La température monte à l’approche du 16e de finale de Coupe de France très attendu entre le SAS Epinal et l’Olympique de Marseille. Côté vosgien, on se prend à rêver d’un exploit à la hauteur de celui réalisé contre Lyon en 32e de finale devant plus de 7000 spectateurs à la Colombière, le 6 janvier 2013.

Après avoir encaissé rapidement deux buts par Tristan Boubaya (11e et 14e minutes), le tenant du titre rhodanien avait réduit l’écart puis égalisé (Gomis 15e et Fofana 22e) avant de prendre l’avantage grâce à Lisandro sur penalty (62e). Valentin Focki, aujourd’hui à l’ES Thaon, avait alors surgi pour l’égalisation (77e, 3-3). Finalement, le SAS avait sorti le grand OL aux tirs aux buts (4 à 2).

Valentin Focki se replonge pour nous 5 ans en arrière et se penche sur une carrière qu’il aurait espérée différente avant d’évoquer son expérience thaonnaise et sa reconversion. Entretien sans concession.

Valentin, vous avez été un des héros du dernier exploit d’un club vosgien face à un club de l’élite, en 2013 contre Lyon…

Valentin Focki – C’est le plus beau moment de ma carrière, ç’a été un truc énorme. J’ai revu 3-4 fois ce match, j’ai la vidéo à la maison. Et il y a ce but dont tout le monde me parle encore maintenant, c’est incroyable. J’avais vécu un 8e avec Vesoul face au PSG en 2010 (0-1). Mais le match de Lyon, clairement c’est le sommet pour moi, ça m’a ouvert pas mal de portes, ça m’a fait gagner en notoriété. J’ai été l’objet de nombreuses sollicitations dans la foulée. Ce match et cette épopée ont déclenché beaucoup de choses. En plus il y a le scénario : ça fait partie des matches fous de Coupe de France, on l’aurait joué 10 fois, on l’aurait perdu 9 fois. Il fait d’ailleurs partie des zapping sur des grands exploits de l’épreuve, comme ceux de Quevilly ou Carquefou.

Valentin Focki vient de tromper Rémy Vercoutre et d’égaliser pour Epinal 

On se souvient tous de ce but de l’égalisation à 3-3 à la 77e minute qui vous permet d’aller en prolongation, et on connaît la suite. Racontez nous…

Je revois Famara Diedhiou se faire sonner par un des défenseurs lyonnais, le ballon revient sur Calvin Mangan qui relance propre, comme on savait le faire, le ballon passe par Victor Di Pinto côté droit qui cherche Romain Chouleur. J’anticipe sa déviation et j’emmène, je prends le dessus sur Dabo (le latéral gauche lyonnais) et je me retrouve sur mon pied gauche, qui ne me sert habituellement qu’à monter dans le bus (rires). Je vois Vercoutre qui ne sort pas, les deux de la charnière, Bisevac et Koné hésitent, j’ai le temps de le fixer et je marque. Encore aujourd’hui quand j’en parle j’ai des frissons. Sur le moment je sens qu’il se passe quelque chose. Je suis submergé d’émotions, c’est un truc de fou.

Et l’avant-match ? Et l’après match ?

On avait eu des vacances assez courtes pendant la trêve des confiseurs pour se préparer. Je me rappelle de l’engouement autour de la rencontre, dans les mêmes proportions ou presque qu’aujourd’hui. Les jours précédents, tu te défonces à l’entrainement car tu veux faire partie du groupe et de l’équipe qui débutera. Et plus ça se rapproche, plus tu sens le poids de l’événement, la fierté de représenter ton département, de jouer devant tous tes proches. C’est une euphorie qu’il faut digérer, savoir gérer ses émotions car tu peux tout à fait passer à côté. L’après-match, c’était encore plus fou. Je me rappelle avoir été porté en triomphe par mes potes du quartier, j’ai vu la fierté dans les yeux de mes proches. Le maire d’Epinal Michel Heinrich m’avait pris dans les bras.

Ma carrière n’a pas décollé. Il y a eu un ras-le-bol.

Derrière ce fait de gloire, vous avez pris la direction de la Belgique (Virton, D2), puis vous avez connu une expérience mitigée à Grenoble (CFA) avant de faire un retour manqué à Epinal. Quel regard portez-vous sur votre carrière ?

Ma carrière ne s’est pas déroulée comme je l’avais prévu. Elle n’a pas décollé. Je me suis fait avoir par des agents. Je ne regrette pas tous mes choix. En Belgique j’ai vécu deux ans exceptionnels. C’était fou ! Le foot faisait partie intégrante de ma vie. J’ai été élu meilleur joueur de la saison la première année (1 but, 5 passes décisives). Nos ambitions étaient hautes la deuxième saison : j’ai amélioré mes stats (3 buts, 7 passes décisives), la D1 est venue toquer. J’avais ce palier à franchir et ça ne s’est pas fait pour diverses raisons extra-terrain.

Ensuite Grenoble c’était exceptionnel aussi, mais c’est là où j’ai un vrai sentiment d’inachevé. Les gens m’aimaient et c’était réciproque. J’avais une année en option en cas de montée, on est passé tout près, ce fut vraiment dur mentalement. Mais mon fils est né là-bas, j’y ai gardé quelques contacts. Mon retour au SAS ne s’est pas passé comme je le voulais. J’ai été victime d’un problème de santé, je n’ai pas pu m’imposer. On m’a aussi reproché toute l’année mon salaire (fédéral). L’ambiance n’était pas top, contrairement à ce que j’avais vécu quelques années auparavant avec des Lorrains dans l’équipe.

Du coup, l’été dernier, à seulement 27 ans, vous n’avez pas hésité à faire un bond en arrière de deux niveaux dans la hiérarchie en rejoignant l’ES Thaon (R1). Quel premier bilan tirez-vous de l’expérience ?

Je m’étais vendu à la mi-saison l’an dernier. Choul (Romain Chouleur, le coach) m’a contacté, le président Clasadonte aussi. On s’est entendu sur les modalités. J’ai privilégié ma carrière professionnelle et ma vie familiale. Le niveau (R1) ne demande plus les mêmes exigences. Je suis avec une bonne bande de potes, je retrouve des amis d’enfance de Remiremont, dont mon meilleur ami. Aujourd’hui mon seul objectif c’est de prendre du plaisir et d’aider Thaon à atteindre ses objectifs. J’ai été très bien accueilli au club. Je suis un joueur comme tous les autres de DH, pas là pour me faire mousser. On a perdu quelques points bêtement mais on espère réussir la deuxième partie de saison (5e après 10 matches). Ici personne n’est mis de côté, tout le monde a de l’importance, des grands aux petits. Et puis j’ai un rôle à l’école de foot et les U18, je donne un coup de main. Je viens pour apporter mon vécu, je n’ai pas de diplôme.

Parallèlement, vous vous êtes lancés récemment dans l’aventure entrepreneuriale avec jebookunsportif.com. Le début de la reconversion ?

Comme je l’ai dit, ma carrière n’a pas pris la tournure que j’espérais. Il y a eu un ras-le-bol : il me fallait autre chose que le foot. J’avais peur de ne pas retrouver du travail tout de suite. C’est Louis Le Nevé, un autre Vosgien pure souche, qui a eu l’idée du projet il y a un peu plus d’un an. Il voulait être agent de joueur et il a eu l’idée de développer le site. Nico Husson, issu du centre de formation de Nancy, en fait aussi partie. Je pense que ça a de l’avenir et ça me permet d’avoir toujours un pied dans le sport de haut niveau.

Comment ça marche concrètement ?

Notre mission première est la mise en relation des sportifs de haut-niveau et des marques/entreprises en échange de rémunérations matérielles ou financières. Il nous faut simplement l’autorisation des athlètes pour utiliser leur image sur notre site. On les met en relation avec les entreprises et les marques pour des placements de produits, via les réseaux sociaux par exemple, ou des opérations liées à l’événementiel. Les grandes marques n’ont pas besoin de nous. On vise plutôt celles qui veulent se lancer. Les athlètes ne s’engagent à rien. Ça ne leur coûte rien et ça ne peut que leur rapporter. L’importance était d’avoir un bon carnet d’adresses. Mon rôle (chargé de développement sportif) c’est surtout de prendre contact avec les sportifs par rapport à mon expérience, les mettre en confiance. Chacun peut avoir une image bien exploitée.

Avez-vous d’autres projets, envies ?

Je me consacre déjà au site. On espère en faire une entreprise rentable et se développer au mieux. On est conscient de chemin à parcourir. C’est une activité qui prend du temps. Pour le moment je n’en vis pas. J’ai d’autres projets en vue de ma reconversion, mais rien de précis pour l’instant.

 

REPÈRES

Valentin FOCKI

Né le 24 mai 1990 (27 ans) à Remiremont

FC Saint-Étienne-Lès-Remiremont

Centre de formation de l’ASNL, ASNL B (U19, CFA, 2007-2009)

Vesoul (CFA et CFA2, 2009-2011)

SAS Epinal (National, 2011-2013 et 2016-2017)

Virton (D2 Belge, 2013-2015) 55 matches, 4 buts

Grenoble Foot 38 (CFA, 2015-2016)

ES Thaon (R1, depuis 2017)

69 matches de National : 5 buts.

67 matches de CFA

10 cartons jaunes, 1 carton rouge

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