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Entretien avec Michel Heinrich (2e partie) : Épinal base arrière pour les JO 2024 ?

Le 11 avril 2018 par Bruno Veillon

Le maire d’Épinal Michel Heinrich nous a ouvert les portes de son bureau pour une interview exclusive sur le sport spinalien. Après avoir longuement abordé le dossier du Gamyo, il analyse les difficultés des autres clubs de sport co’ et évoque la question des infrastructures. Un nouveau bassin d’eau vive pourrait accueillir des athlètes avant les JO.

Outre le hockey, si on élargit le spectre, d’autres clubs spinaliens sont également en difficulté financière ou l’ont été récemment. De quels leviers disposez-vous ?

Je suis de très près la situation de ces clubs. Je vais aux matches et je rencontre régulièrement les dirigeants. Nous avons débloqué des subventions par anticipation et cela a été fait pour l’intégralité des sports spinaliens sans exception. Ça a été le cas pour le handball, le foot, ou encore le basket qui auraient certainement disparu sans ça. C’est de l’anticipation sur 2 ou 3 ans, en se mettant d’accord avec le club. On défalque cette somme du montant de la subvention. Ce qu’il faut bien comprendre c’est que ce ne sont pas des augmentations de subventions. Aujourd’hui la collectivité n’en a pas les moyens.

« Le Get Vosges est en excédent à mi saison »

Épinal Handball accuse un passif de près de 90 000 euros. Les dirigeants assurent avoir réglé la question des dettes mais auront besoin de plusieurs années pour retrouver des fonds propres positifs. Quel est votre regard sur cette situation ?

Je suis très attentif à la situation du club. Ils ont une trésorerie extrêmement tendue. La mairie a permis d’éviter le dépôt de bilan en versant la totalité de la subvention 2017 et anticipant une partie de celles des 3 saisons suivantes. Mais encore une fois, ce n’est pas propre au handball. Financièrement, c’est difficile de supporter deux équipes en N1. Il y a une volonté de réorientation vers le hand féminin. Ce qui m’importe, c’est qu’il y ait de la formation pour les jeunes.

Passons à la balle orange. Le Get Vosges est en train de remettre les comptes d’équerre et combler le déficit qui était de 45 000 euros en début de saison… Avez-vous des inquiétudes sur l’avenir du club ?

Le GET Vosges a subi la décision de la commune de Thaon de baisser sa subvention (20 350 au lieu de 42 000 euros). Le trésorier du club et le président, à mi-saison, m’ont affirmé que le club est en excédent. Pour le coup, je ne suis pas du tout inquiet financièrement, je le suis davantage sportivement (finalement, il n’y aura pas de descente, NDLR).

« A l’époque, les dirigeants ont flambé »

Ces difficultés financières sont-elles conjoncturelles ?

Elles ont toujours existé. Il se trouve que nous avons eu une année sportive exceptionnelle en 2016. Celle-ci est moins bonne mais c’est souvent comme ça dans la vie des clubs. Et pas seulement à Épinal. Lorsqu’ils ont les problèmes financiers et sportifs tous en même temps, ça fait parler. Tout le monde n’a pas les Émirats pour… (sourire).

La question se pose régulièrement mais : ne doit-il pas y avoir aujourd’hui plus d’argent pour tel ou tel sport co’, tel ou tel club ?

J’avoue qu’il m’arrive de me poser la question de tout mettre sur un sport collectif ou deux. C’est la solution de facilité. Certaines collectivités font ce choix en termes de notoriété. Notre choix a toujours été d’amener le plus grand nombre à la pratique sportive. D’ailleurs on fait beaucoup d’efforts dès l’école pour que les enfants découvrent le maximum de disciplines. Notre objectif c’est le nombre de licenciés. Le sport est l’un des piliers de la politique de la ville, un élément déterminant pour la cohésion sociale. Il y a très peu de villes en France qui ont autant de clubs à ce niveau là.

« Un nouveau stade d’eau vive d’ici 2024 »

Dans le passé récent, plusieurs clubs spinaliens ont vécu au-dessus de leurs moyens et en ont payé le prix, comme le SAS Volley et le SAS Foot au début des années 1990. Peut-on comparer avec ce qui se passe aujourd’hui ?

Non ça n’a rien à voir. A l’époque, nous étions arrivés à de tels excès que nous ne connaîtrons jamais aujourd’hui. Le volley, c’était délirant, les gens ont flambé ! Nous ne sommes pas sur les mêmes registres aujourd’hui.

Concernant les équipements, pour certains vieillissants, quels sont les projets de rénovation ?

Des chantiers sont en cours. Concernant l’athlétisme, on aura bientôt un des seuls stades à 8 couloirs dans le Grand Est, à la Colombière. Ça permettra d’accueillir des compétitions nationales comme des championnats de France. Les travaux sont en cours dans un chantier global, ils se termineront en 2019. On fait le stade d’entrainement, on a abaissé la pelouse, puis salles de réunion, tour de chronométrage, accès handicapés, et stade annexe. L’an prochain, on déplace les mâts d’éclairage. Concernant le canoë-kayak, on travaille sur un nouveau stade d’eau vive en boucle pour le canoë-kayak dans les 6 ans. La réflexion est bien avancée puisque je me suis positionné officiellement auprès de la région et de la fédération pour être une base arrière des Jeux olympiques de 2024.

« A l’ASO d’être imaginative »

L’Association Spinalienne Omnisports, lancée en 2014, semble au ralenti en ce moment malgré l’inclusion du club d’athlétisme (AVEC). Comment voyez-vous l’avenir ? Un club omnisports est-il envisageable ?

Je ne crois pas en la création d’un club multisport, c’est impossible et trop compliqué à faire. En revanche, une mutualisation des forces, pourquoi pas. L’ASO a un avenir grâce à ces mutualisations. C’est à l’ASO d’être imaginative pour faire émerger des choses.

Quel est l’impact du gel des emplois aidés sur la santé des clubs ?

J’ai beaucoup parlé des aides en espèces sonnantes et trébuchantes, mais il y a aussi les personnels mis à disposition, à différents clubs. La disparition des emplois aidés est un coup dur pour les clubs, c’est indéniable. Ça ne simplifie pas les choses.

Un dernier mot pour conclure ?

La collectivité sera aux côtés du club de hockey et de la Gamyo Academy ainsi que des autres clubs. On les accompagne dans le mesure de nos moyens. Je reste optimiste même si je reste parfaitement conscient que la situation est difficile. J’ai déjà vécu ça. Je m’en passerais, mais voilà. Encore une fois on ne me demande pas mon avis.

Propos recueillis par Clément Thiriau et Jordane Rommevaux

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