Étival-Clairefontaine : le petit village vosgien qui voulait conquérir l’Europe du tennis de table
Promues en Pro A cette année, les pongistes stivaliennes n’en finissent plus d’épater leur monde. Après un temps d’adaptation, elles sont sur le point de décrocher leur maintien dans l’élite du tennis de table et pourraient bien viser plus haut. Immersion au sein d’un club pas comme les autres.
S’il ne devait rester qu’un seul petit village d’irréductibles pongistes, ça pourrait être le bourg vosgien d’Étival-Clairefontaine. À peine 2 500 âmes mais quelle réputation ! Située au carrefour de Saint-Dié-des-Vosges, Raon-l’Etape et Rambervillers, la localité n’a rien du « village préféré des Français » de Stéphane Bern, si ce n’est une attraction peu commune qui attire autant qu’elle inquiète ses adversaires : le club de l’ASRTT Étival. Et pour accéder à son complexe sportif, il ne faut pas quitter des yeux son GPS, sans redouter les routes sinueuses, en pleine forêt.
Si le village est calme, une certaine effervescence monte à mesure qu’on se rapproche. Il fait nuit mais une porte entrouverte laisse passer une raie de lumière blanche et quelques applaudissements. Rapidement, la musique vient couper le calme ambiant et le contraste avec le silence extérieur devient saisissant.
Étival et son équipe de pongistes a réussi à se constituer un véritable « chaudron » dans sa salle Michel Heissat ! Les 300 spectateurs apportent une ambiance qui pourrait faire pâlir de jalousie de nombreux clubs de sports collectifs régionaux. « Hourra ! Bravo, allez Tingting ! Retourne le prochain service ! », peut-on entendre, au fur et à mesure que le 
match progresse.
De chaleureux applaudissements et les interventions de danseuses entrecoupent les temps de jeu. « C’est l’une des plus belles ambiances en France, avance fièrement Samuel Mater, président adjoint du club stivalien. En fin de saison, ce sont près de 450 personnes, toutes générations confondues, qui viennent encourager les joueuses. C’est incroyable. » Il se souvient de ce soir de mai 2016 où les joueuses ont décroché leur montée en Pro A, après avoir dominé la saison. Une montée qui venait récompenser plusieurs années d’efforts, pour les bénévoles du club, ainsi que pour la ville.
Il faut remonter dix-huit ans en arrière pour comprendre la genèse de ce succès. « À l’époque, le club phare de la région, c’est Saint-Dié-des-Vosges. Seulement, quelques divergences ont provoqué le départ de l’équipe féminine et de l’entraîneur Jérôme Humbert, pour déménager à Étival, qui n’avait pas de grosses infrastructures. Nous avons construit une équipe compétitive autour de Laura Pérocheau, championne de France et internationale », exlique-t-il. Suivra une montée en Nationale 1, la découverte de la Pro B et l’investissement de la localité dans une salle plus moderne.
« Le niveau s’élevait et nous devions avoir des joueuses expérimentées. Nous avons recruté la Roumaine Cristina Untea, première étrangère au club, qui nous a fait franchir un palier. Suivra la Chinoise Hao Tong et surtout l’ex-numéro un française Yi Fang Xian, malgré notre relégation en N1. Elle voulait préparer les JO de Londres calmement et elle restera deux saisons, avec une médaille d’argent aux Championnats d’Europe, à la clé. Un souvenir émouvant, qui a rendu le club populaire », se rappelle Samuel Mater.
De retour en Pro B, en 2012, le club enchaînera les places d’honneur : 6e, 5e, 3e, jusqu’à la première place en 2016 et la montée en Pro A. Cette année, si l’entraîneur Jérôme Humbert n’a pas caché l’objectif de maintien, le club composé de Jieni Shao (6e française), Tingting Wang (12e), Britt Eerland (19e) et Camélia Postoaca (29e) est 4e et pourrait bien viser une place en Coupe d’Europe. « Tout est possible, avoue le coach avec un sourire discret, mais je veux d’abord que le club pérennise sa place en Pro A. »
Étival – Poitiers
Pro A – 11e journée
Mardi 28 mars, 19h30
Salle Michel-Heissat, Étival-Clairefontaine
