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Un été de retrouvailles au Théâtre du Peuple de Bussang

Le 04 juillet 2017 par Jordane Rommevaux
© David Siebert

Il fallait bien marquer le coup. Pour sa dernière saison à la tête du Théâtre du Peuple, Vincent Goethals a souhaité réunir les acteurs et actrices qui ont marqué son passage à Bussang. Une légère mélancolie accompagne des Estivales audacieuses, joyeuses et riches en créations.

Vincent Goethals, directeur du Théâtre du Peuple.

« Par l’art pour l’humanité ». La devise inscrite autour du cadre de scène du Théâtre du Peuple illustre bien l’intention de ce haut lieu de culture vosgien. Rideau ouvert sur un écrin de verdure, la grande salle confère à cet endroit son caractère magique. Mais au delà de son cadre exceptionnel, ce théâtre singulier frappe par sa capacité à proposer des spectacles audacieux, mêlant comédiens amateurs et professionnels face à un public éclectique. « Pour moi, le théâtre populaire, c’est avant tout un théâtre qui ose », assure Vincent Goethals, directeur du Théâtre du Peuple. 

Depuis six ans, le metteur en scène à la tête de l’institution assume son goût de la prise de risque. Avant de passer la main à l’automne, il a voulu offrir un dernier coup d’éclat. « Les années précédentes, j’avais l’habitude de m’attarder sur un pays : la Belgique, le Canada, l’Allemagne ou l’Angleterre de Shakespeare », explique-t-il. « Cette fois, j’ai eu envie de mettre en scène des retrouvailles ».

L’occasion de retrouver sa grande famille de théâtre, en réunissant des acteurs qui ont marqué les saisons précédentes. Pêle-mêle, les habitués retrouveront la bande d’acteurs de Et si nos pas nous portent (2013) pour le concert d’ouverture, l’équipe de l’Opéra de quat’sous (2015) dans La dame de chez Maxim… ou presque ! ou encore les acteurs de Caillasses (2012) et Small Talk (2014) dans le spectacle du soir. « L’idée, c’était de faire en sorte que le public puisse avoir des repères », précise Vincent Goethals.

Grand écart artistique

On prend les mêmes et on recommence ? Pas tout à fait. « Il y aura de vraies créations, audacieuses et palpitantes », assure Vincent Goethals. Pour sa dernière année, le directeur a souhaité mettre en scène les deux spectacles de la Grande Salle. D’un côté, on trouve un grand classique fédérateur, et de l’autre, une tragédie contemporaine. « C’est le résultat de l’alchimie que j’ai voulu créer pendant ces six années à la tête du Théâtre du Peuple », indique-t-il. En jouant des contrastes et en osant parier sur les écritures d’aujourd’hui, le directeur boucle la boucle d’un projet initié depuis ses débuts.

L’après-midi, Feydeau et Offenbach seront mis à l’honneur dans La Dame de Chez Maxim… Ou presque ! « Ils ne se sont jamais rencontrés, mais ils se rejoignent dans leur rapport au monde bourgeois et leur goût pour la caricature joyeuse », indique Vincent Goethals. Il en résulte un spectacle très drôle, réunissant des personnages de Feydeau et les airs chantés d’Offenbach, pour une alliance loufoque entre l’opérette et le vaudeville. Un vrai défi pour les acteurs. « Feydeau est très difficile à jouer, ça met la barre haute pour tout le monde », explique Vincent Goethals. « Les amateurs sont autant mis en avant que les professionnels, certains ont des rôles importants. C’est d’ailleurs ce qui fait l’unicité du Théâtre du Peuple ».

Un Brittanicus contemporain

En dessous de vos corps, je trouverai ce qui est immense et qui ne s’arrête pas, une pièce de Steve Gagnon.

La pièce du soir tranche radicalement avec cette comédie joyeuse. Dans son spectacle En dessous de vos corps, je trouverai ce qui est immense et ne s’arrête pas, l’auteur québécois Steve Gagnon emprunte les personnages de Racine et son célèbre Brittanicus pour les transposer dans le Montréal contemporain.

« J’ai eu un véritable coup de cœur pour cette pièce », assure Vincent Goethals, qui renoue ici avec son attrait pour les auteurs francophones. « Steve Gagnon manie à merveille un langage trivial et très cru, avec des fulgurances poétiques incroyables ».

Place à la créativité

Ces Estivales font également la part belle aux formes courtes. Deux cartes blanches sont accordées à Angèle Baux-Godard : Traces d’étoiles, rencontre entre deux êtres blessés par la vie, et l’Empreinte du Vertige, témoignage sur le vaginisme, à découvrir dans la salle Camille. Sous une yourte déployée pour l’occasion, Solo Gomez chantera et interprétera ses contes africains.

Autre originalité, la pièce Petit Bisou, mise en scène par Arnault Mougenot (lire notre interview page suivante) pendant le changement de décor de la Grande Salle. Un spectacle écrit à partir de témoignages réels, dédiés aux gens du théâtre que l’on ne voit pas. Le week-end des auteurs permettra également de retrouver tous ceux qui ont écrit des pièces inoubliables pour le Théâtre du Peuple. Une belle édition foisonnante de diversité, pour conclure un cycle de six années en beauté. Il ne reste plus qu’à convaincre le public, ce qui n’inquiète pas Vincent Goethals outre mesure : « j’ai envie d’être très optimiste, et je crois qu’on peut l’être ! »

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