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Emmanuelle Riva, l’humble triomphe

Le 25 décembre 2013 par Bruno Veillon

2013 a couronné sa carrière pour son rôle dans le film Amour. Installée à Paris, Emmanuelle Riva revient sur son parcours débuté à Cheniménil dans les Vosges.

Quand on lui demande ce qu’elle retient de sa carrière prestigieuse débutée dans les années 50, Emmanuelle Riva répond qu’elle n’aime pas ruminer le passé, qu’on ne peut pas reculer dans le temps. 

Alors, si elle consent un retour en arrière, il la transporte tout droit dans son enfance. Au pied des montagnes vosgiennes, dans la maison parentale de Cheniménil où est née la petite Paulette, et à Remiremont où elle vient se reposer quelques semaines chaque année pour goûter ” au calme et au jardin “, et arpenter les allées du marché. Revivre des souvenirs qui percent à travers son rire qui a gardé une éternelle fraîcheur, quoi qu’elle en dise. 

Débute un voyage nostalgique dans ces Vosges d’antan, auprès d’une famille de paysans : ” C’étaient des gens vaillants mais très humains. La vie était très dure, on faisait les foins au Tholly, ensuite on se réunissait autour d’une table très simple, mais abondante et savoureuse. Les gens étaient courbés au point de ne plus se relever, on ne prenait jamais de vacances chez mes parents, on allait chercher du bois et des fruits sauvages, de l’herbe pour les lapins, ça n’arrêtait pas et cela, je l’ai beaucoup aimé. “

S’entretenir avec Emmanuelle Riva, c’est prendre le temps. Se poser, laisser décanter les tracas de la journée. Et ouvrir les oreilles, pour percevoir derrière les mots qu’elle appuie, les messages essentiels qu’elle veut faire passer. 

” Il faut cultiver l’amitié, c’est précieux, apprendre à respecter la différence, ne pas uniformiser les gens… Il faut regarder ardemment et minutieusement les autres.” La grande dame se fait inquiète quand elle évoque l’environnement : ” La planète est dans un état, j’en ai le coeur fendu. Ce que l’on fait subir aux animaux et aux gens, je m’y intéresse énormément “.

Retour en 2013, l’année Riva. Quel rythme effréné en février, avec le BAFTA (récompense britannique) et le César de la meilleure actrice pour Amour, suivis de la course manquée à l’Oscar aux Etats-Unis. Une aventure qui l’a quelque peu éreintée : ” J’ai été surmenée, mise à la question sans arrêt par les journalistes, il fallait suivre le rythme, j’étais vite saturée et fatiguée. ” 

Celle qui n’aime pas parler d’elle-même et fuit les flashs des photographes, avoue : ” Je préfère tourner deux films que faire des promotions ! “, confie t-elle sans grand soulagement. Mais des regrets non, ” Le film a un succès fou, il poursuit sa route, les populations du monde entier sont touchées. “

Depuis, Emmanuelle Riva a levé le pied. Elle s’est faite plus rare, se protégeant dans son appartement parisien. Retrouvant la discrétion qu’on lui connaissait avant Amour. Mais ce n’est pas pour autant qu’elle arrête sa carrière. 

Les projets fourmillent chez la femme de 86 ans. Elle retrouvera les planches l’année prochaine dans une pièce écrite par Marguerite Duras, Savannah Bay, mise en scène par Didier Bezace. Des projets de nouveaux films, notamment aux côtés de Charles Berling. ” Si je suis encore en vie ! “, s’amuse t-elle. 

Puis sérieuse : ” J’aime la vie et j’ai toujours la joie en mon coeur. ” Celle qui confie régulièrement que ” Vieillir ce n’est rien, si on garde la santé ” n’a pas fini de nous étonner.

Hiroshima mon Amour

1957 – Emmanuelle Riva se fait connaître pour son rôle dans Hiroshima mon amour, réalisé par Alain Resnais. Sorti en 1957, elle y interprète l’amante d’un Japonais. 
Plusieurs récompenses couronneront sa carrière, dont en 1962 le prix d’interprétation féminine à la Mostra de Venise pour Thérèse Desqueyroux
C’est pour le film franco-autrichien Amour de Michael Haneke, Palme d’or du festival de Cannes en 2012, qu’elle récolte plus d’une dizaine de récompenses, dont le César de la meilleure actrice
C’est aussi sur les planches qu’elle brille, elle a joué dans 35 pièces de théâtre.

Crédit photo : Mairie de Remiremont

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