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Cueillir les champignons dans les Vosges, oui mais…

Le 12 octobre 2015 par Bruno Veillon

La cueillette des champignons est l’une des activités indissociables de l’automne. Cette année, la récolte des promeneurs ne sera pas glorieuse, la sécheresse a restreint la pousse de nombreuses espèces.

Avec plus de 5 000 espèces de champignons sur le massif, les Vosges sont un terrain de choix pour les amateurs de cèpes, girolles, trompettes de la mort… Les gourmets ne s’en privent pas. 

80 % des espèces se récoltent du 1er septembre au 30 octobre, jusqu’en décembre s’il n’y a pas de fortes gelées ou de neige, puis les champignons réapparaissent avec les premiers orages au printemps. 

Cette année néanmoins, la sécheresse a retardé ou empêché la pousse de plusieurs espèces : ” Pas d’eau égale pas de champignon. C’est aussi simple que cela. Une grande majorité d’espèces n’est pas sortie. Ce ne sera pas une saison extraordinaire “, tempère Patrick Laurent, expert et formateur de la Station d’études Mycologiques des Hautes Vosges (SEMHV), à Wisembach.

Le cadre législatif restreint lui aussi les ardeurs des amateurs : ” La réglementation autorise la cueillette de 5 litres par jour et par personne, uniquement dans les forêts domaniales, pas dans les forêts privées. La revente est totalement interdite, sauf si l’on est propriétaire du lieu de cueillette. Le problème du champignon, c’est qu’il n’a pas de statut de protection en France  “, rappelle l’auteur de plusieurs ouvrages spécialisés sur le sujet.

On retiendra que le champignon, c’est comme le bon vin : à consommer avec modération.

Équipé d’un petit couteau et d’un panier large, à chacun de trouver son coin idéal. Dans tous les cas, il faut privilégier les versants humides, les fonds de vallées, les abords d’une rivière, les lieux où se développent les brumes… 

Le champignon aime l’eau ! Les morilles apprécient les sols calcaires, le rosé des prés se trouve dans les prairies non fertilisées artificiellement, le cèpe d’été affectionne l’épicéa et le chêne, la trompette de la mort se délecte auprès du hêtre et du charme, quant aux girolles, vous les débusquerez au milieu des bois de feuillus. 

Le pied bleu est très présent dans ces derniers et dans les bois de conifères, le petit gris préfère les clairières. Pour la morille, il faudra la traquer dans la forêt mais au printemps, c’est sa saison. On trouve même des truffes dans les Vosges, plutôt à l’ouest du département, là où le calcaire affleure le sol.

Pas question pour autant de cueillir sans se poser de questions. Si tous ne sont pas comestibles, il est parfois difficile de distinguer entre vénéneux et sains. Comment différencier l’agaric jaunissant qui provoque de violents vomissements de l’agaric champêtre, autrement appelé rosé des prés, bien connu pour sa chair goûteuse et sa totale innocuité ? 

Il faudra tout d’abord se munir d’un bon manuel avec photos, ou d’une appli spécialisée sur son smartphone, et suivre la règle d’or : ” Ne jamais consommer un champignon que l’on ne connaît pas. Demandez plutôt un avis à un mycologue ou un pharmacien spécialiste. “

On déplore chaque année un millier de cas d’intoxication en France, dont plusieurs mortels. Autre recommandation : ” Ne jamais les avaler crus ! Il y a actuellement une mode de régime amaigrissant qui propose de se nourrir de champignons crus. On se retrouve avec des recettes qui sont de véritables poisons. On peut contracter des dermatites aiguës qui nécessiteront une greffe de peau, de l’asthme, des toux… Évitez également de consommer les champignons en grosses quantités à des fréquences répétées. Le “bidaou” ou tricholoma auratum a tué plusieurs personnes parce qu’il a été simplement mangé trop fréquemment “, prévient celui qui est également le seul expert judiciaire en mycologie de France.

Mais s’ils sont délicieux une fois passés à la poêle, les champignons conservent avant tout un rôle primordial dans l’écosystème de la forêt. Ils sont essentiels à la biodiversité et à la vie de la faune et de la flore. La meilleure place pour un champignon, c’est encore bien au pied de son arbre.

Merci à Patrick Laurent pour ses conseils :


Champignons d’Alsace et des Vosges

Tome 1 : Le massif vosgien
Patrick Laurent
Éditions Saint-Brice

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